Alexandre Gendron n'a « jamais » voulu étrangler à mort sa conjointe enceinte de cinq mois pendant une dispute. Il voulait seulement l'immobiliser pour l'empêcher de le frapper avec une bouteille de parfum. C'est la version qu'a livrée lundi l'accusé à son procès pour le meurtre non prémédité de Cheryl Bau-Tremblay au palais de justice de Saint-Hyacinthe.

« Non, j'ai jamais voulu qu'elle meure. J'ai jamais planifié, essayé, pensé. Non, rien de ça », a assuré l'homme de 38 ans, qui vise un verdict d'homicide involontaire. Indifférent, voire arrogant à la barre des témoins, l'unique témoin de la défense a livré un récit décousu de la mort de sa conjointe de 29 ans, le 1er août 2015, dans leur résidence de Beloeil.

Ce jour-là, Cheryl Bau-Tremblay revoit pour la première fois Alexandre Gendron depuis son appel en panique au 911, enfermée dans la salle de bains, une semaine plus tôt. Exaspérée par son alcoolisme, elle semble sur le point de le quitter, malgré leur enfant à naître. D'ailleurs, Alexandre Gendron est déjà « paqueté » à son arrivée après avoir bu entre 15 et 18 bières.

Une consommation loin d'être anormale, puisqu'il buvait souvent deux caisses de « 24 » par jour.

Croyant que son conjoint la trompe, Cheryl Bau-Tremblay empoigne une bouteille de parfum Lacoste. Pour ne pas « prendre de chance », Alexandre Gendron l'agrippe et immobilise son bras dans les airs, selon sa version. « Je la serre. C'est son bras à elle qui est en train de l'étrangler », raconte-t-il, en mimant un étranglement sur un seul côté du cou. « Pour moi, ça l'a choké. C't'un choke », ajoute-t-il. Selon le pathologiste judiciaire, une asphyxie par strangulation a causé la mort de la femme enceinte.

PAS D'APPEL AU 911

Puis, dans un ordre confus, Cheryl Bau-Tremblay tape deux fois sur la jambe d'Alexandre Gendron, qui trébuche sur des sacs. Il « lance » alors sur le lit sa conjointe au corps « ramolli ». « Elle a rebondi et elle est retombée sur le plancher de bois franc. Ça a fait badang ! Elle a reviré assise, elle est devenue grise, pis elle a fait rahhh », a-t-il raconté en reproduisant le dernier râle de sa conjointe.

Intoxiqué par l'alcool et des médicaments, Alexandre Gendron n'a pas la « tête à réanimer » la jeune femme.

Et en raison de ses démêlés avec la police, il n'appelle pas le 911. Il pose simplement le corps sur le lit et se couche à côté d'elle. « Je lui parle, je lui flatte les cheveux... Elle s'en va... elle est partie », se remémore-t-il. « Je l'aimais, cette fille-là », répète-t-il.

Alexandre Gendron cache ensuite le corps sous le lit. Après la première visite des policiers, il dissimule le corps dans un sac de couchage, le remet sous le lit et continue de se saouler jour et nuit. Jamais il n'envisage de l'enterrer. « J'ai quand même du respect, c'est ma femme ! », s'insurge-t-il en contre-interrogatoire. Ce n'est que cinq jours plus tard que les policiers font la macabre découverte.

Son contre-interrogatoire se poursuit mardi matin.