Une image vaut mille mots, dit l'adage. Trente images par seconde peuvent résumer un témoignage. La poursuite a terminé sa preuve par une courte vidéo percutante, jeudi, au palais de justice de Montréal au procès de deux hommes, Jean-Pierre Huot et Pierre Larivière, accusés d'avoir eu en leur possession et d'avoir fabriqué de vraies armes à feu, en faisant croire qu'il s'agissait de pistolets pour paintball.

Un expert en armes à feu du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec, Guillaume Arnet, qui a commencé à témoigner mercredi, a expliqué aux 12 membres du jury comment ont été fabriqués et assemblés et comment fonctionnent les pistolets mitrailleurs confectionnés en 2013-2014 à l'entreprise Perfection Métal, située dans l'arrondissement de LaSalle.

Ces armes, que la plupart des employés croyaient être des pistolets de paintball, sont des armes létales, copies des Tec-9 développés par l'entreprise américaine Intratec. Des silencieux et des chargeurs à haute capacité ont aussi été fabriqués chez Perfection Métal.

Mercredi midi, entre deux blocs de son témoignage, le témoin Arnet a pris un pistolet, un chargeur et un silencieux déposés en preuve durant le procès et a testé l'arme en après-midi dans son laboratoire. La scène a été filmée et présentée aux jurés jeudi.

C'est dans la nuit du 13 mars 2014, après que le système d'alarme eut été déclenché en raison d'une introduction avec effraction, que des patrouilleurs du Service de police de la Ville de Montréal se sont rendus chez Perfection Métal, sur la rue Salley, et ont découvert par hasard des pièces d'armes à feu. Le SPVM a alerté les membres de l'Escouade régionale mixte (ERM), module armes à feu, qui ont amorcé une enquête. À l'automne 2014, deux agents doubles se sont fait passer pour des individus liés au crime organisé qui voulaient que l'entreprise répare une arme qu'ils avaient achetée. En cours d'enquête, les limiers se sont rendu compte que plusieurs des armes fabriquées chez Perfection Métal ont été retrouvées à une vingtaine d'endroits dans la région de Montréal et en Ontario.

Le procès fait relâche aujourd'hui. Lundi ce sera, en principe, au tour de la défense, assurée par Me Robert Bellefeuille et Me Rodolphe Bourgeois, de présenter sa preuve.

La poursuite est représentée par Me Philippe Vallières-Roland et Me Éric Poudrier, et le procès est présidé par la juge France Charbonneau, de la Cour supérieure.

***

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse courriel de La Presse.