Quelques heures avant sa mort, le détenu Michel Barrette a été roué de coups par Garmy Guerrier, alors qu'il était immobilisé par une clé de cou de Tarik Biji dans une cellule de la prison de Bordeaux, a raconté vendredi un ancien détenu au procès pour meurtre au premier degré de Tarik Biji, Garmy Guerrier et Jason Côté.

Selon la théorie de la Couronne, le «représentant» du comité de détenus Tarik Biji s'est entendu avec ses codétenus Guerrier et Côté, le 21 juin 2016, pour «passer à tabac» Michel Barrette pendant 23 minutes pour «quelques malheureux» grammes de tabac. «Ils l'ont conjointement roué de coups et ils l'ont laissé dépérir dans sa cellule jusqu'à ce qu'il soit trop tard de lui venir en aide...», a expliqué Me Bouthillier au début du procès devant jury lundi.

Le troisième témoin du procès, dont l'identité est protégée par une ordonnance de la cour, a raconté vendredi avoir été «appelé» par «M. Tarek», alors qu'il discutait avec Garmy Guerrier. Environ 10 détenus se trouvaient déjà dans la grande cellule «condo» de Tarek Biji, situé tout au fond de l'aile. Il a discuté rapidement de la présence de tabac dans le secteur avec Garmy Guerrier, lorsque «M. Tarek» est débarqué en empoignant Michel Barrette avec une clé de cou par derrière. 

Garmy Guerrier, 32 ans, a alors frappé «2-3 fois» au ventre la victime qui s'est effondrée au sol. Une fois par terre, le témoin s'est penché au-dessus de lui et a commencé à lui frotter le sternum avec ses jointures pour le réveiller. Il saignait alors du nez. «Quand j'ai vu qu'il m'a regardé, j'ai quitté la cellule», a-t-il témoigné.

Le témoin a revu Michel Barrette une heure ou deux plus tard couché dans sa cellule, puis en train d'être escorté par d'autres détenus hors de l'aile. Selon la Couronne, l'homme de 46 ans serait mort environ deux heures et demie plus tard d'une hémorragie interne. Il aurait subi de multiples fractures au cou, au sternum et aux côtes.

Le témoin a toutefois livré aux policiers, le lendemain du meurtre, un récit bien différent de l'agression contre Michel Barrette. Ainsi, le procureur de la Couronne Louis Bouthillier a dû «confronter» son témoin en lui montrant la vidéo de sa déclaration donnée aux enquêteurs le lendemain du meurtre.

Ainsi, selon cette version, Garmy Guerrier lui avait demandé, quelques secondes avant l'agression, s'il voulait se «défouler» sur un «gars qui a du tabac». Il avait refusé l'offre. Puis, Garmy Guerrier avait asséné entre «4, 5 ou 6» coups de poing à la victime dans les mêmes circonstances. «Il s'est déchaîné, ça a fait boum, boum, boum», expliquait-il aux policiers.

Puis, malgré ses appels à ne pas «frapper» la tête de la victime, Tarik Biji avait «écrasé» le visage de Michel Barrette à deux reprises avec ses pieds, «comme on écrase une fourmi». Il s'était ensuite «interposé» auprès des deux agresseurs pour aller au chevet de la victime pour lui frotter le sternum.

Du bout des lèvres, le témoin a admis avoir dit la vérité aux policiers pendant cette rencontre. Il n'a toutefois pas répété le même récit devant le jury, disant ne pas s'en souvenir. 

Le procès se poursuit lundi.

PHOTO COURTOISIE

Jason Côté