Une longue machette à la main, Emmanuel Stark séquestre dans sa chambre une femme recrutée dans la rue et l'agresse sexuellement. « Je me dis : [entre] me faire baiser ou mourir, je vais me faire baiser », a confié jeudi la plaignante au début du procès pour proxénétisme et traite de personnes de l'homme de 44 ans surnommé PacMan.

La femme d'une trentaine d'années vivait dans la rue au moment de rencontrer Emmanuel Stark à la place Émilie-Gamelin en décembre 2016. Toxicomane, elle accepte de lui faire une fellation en échange d'une dose de crack et d'une nuit au chaud. « Je suis dans la rue, c'est l'hiver, il fait froid, j'ai pas d'argent », explique-t-elle.

Mais en arrivant dans son appartement, Emmanuel Stark bloque la porte avec une boîte de métal et un « bicycle ». La victime est prise au piège. Sous l'effet de la drogue, PacMan sort une machette longue de plus d'un pied et la brandit au-dessus de sa tête. Puis, il exige une relation complète sans porter de condom.

« Il brandit le couteau pis toute... il veut faire l'amour, je voulais pas, il voulait un complet, mais quand quelqu'un te brandit une machette, tu le fais... », raconte la victime, dont l'identité est protégée par une ordonnance de la cour.

Cette nuit-là, elle ne ferme pas l'oeil, terrifiée par l'accusé qui dort avec la machette sous son matelas. Néanmoins, dans les semaines suivantes, elle accepte d'offrir des services sexuels à un ami d'Emmanuel Stark dans l'appartement de celui-ci pour obtenir du crack. Une amie qui vit également dans la rue l'accompagne. Pendant cet épisode, l'accusé frappe la victime à trois reprises au visage, témoigne-t-elle.

« Elle est arrivée avec l'arcade sourcilière cassée à trois endroits, elle était sous le choc », raconte Ann-Gaël Whiteman, une intervenante dans une maison d'hébergement pour femmes vulnérables. La jeune toxicomane était dans un état de stress post-traumatique sévère à la suite de sa deuxième rencontre avec Emmanuel Stark.

« Elle pleurait, elle criait, elle avait peur, c'est là qu'elle m'a raconté avoir été séquestrée. [...] Elle était en position foetale dans un bureau », relate Mme Whiteman.

L'intervenante avait d'ailleurs remarqué au cours de cette période, en décembre 2016 et janvier 2017, que plusieurs femmes battues se présentaient au centre d'hébergement avec des histoires similaires. « Le nom qui revenait tout le temps, c'était PacMan. Ça revenait toujours, donc j'ai appelé l'équipe EMRII [du SPVM]. Il y a un prédateur dehors et nos femmes les plus fragiles reviennent avec des blessures », explique-t-elle.

La relation de confiance entre la victime, une toxicomane aux prises avec des problèmes mentaux, et l'intervenante semble avoir joué un grand rôle dans le dépôt d'une plainte criminelle dans cette affaire. « Nous avons une clientèle très, très fragile qui a en horreur les policiers, et qui souvent ne veut pas témoigner », soutient Mme Whiteman.

Emmanuel Stark fait face à 20 chefs d'accusation : proxénétisme, séquestration, agression sexuelle armée, menaces de mort, trafic de drogue, voies de fait et traite de personnes. Les crimes se seraient produits entre le 1er décembre 2016 et le 8 février 2017 à Montréal.

Le procès se poursuit vendredi matin au palais de justice de Montréal.