Une femme de Québec croyait vivre un « véritable conte de fées » avec son nouvel amoureux. Mais c'était plutôt le début d'une longue « descente aux enfers ». Son bourreau, Serge Murenzi, l'a obligée à danser nue dans des bars de la métropole pendant plus de trois ans. Il a été reconnu coupable hier de traite des personnes, de proxénétisme et de voies de fait causant des lésions.

La jeune victime est « en amour par-dessus la tête » lorsqu'elle emménage chez Serge Murenzi dans la région de Montréal en 2010. Séducteur, il ne cesse de la complimenter. Mais le vent tourne rapidement. L'homme de 34 ans boit beaucoup et la bat « pour tout et rien ». Sans le sou, il l'oblige à danser nue dans un bar pour subvenir à leurs besoins.

Serge Murenzi exige qu'elle rapporte 3500 $ par semaine. Il la violente quand elle ne réussit pas à amasser cette somme. Son passeport et ses pièces d'identité lui sont confisqués et sont placés dans une mallette sécurisée. Le proxénète contrôle tous ses déplacements et lui dicte même l'heure où elle doit prendre sa douche. Il lui donne 20 $ par jour pour manger et 50 cents pour l'appeler. Elle n'a pas de téléphone cellulaire.

Craignant pour sa vie, la victime cesse de se défendre pendant les nombreux épisodes de violence. « Plus que j'argumentais, plus il devenait violent. Plus il devenait violent, plus j'étais maganée. Plus j'étais maganée, moins je travaillais. Moins je faisais de l'argent, plus je mangeais de volées », a-t-elle témoigné au procès.

PERTE DE REPÈRES

La victime travaille six mois comme danseuse nue dans un premier bar, mais est renvoyée pour avoir fait payer trop cher un client. Elle soutient l'avoir fait pour éviter d'être battue par son proxénète, comme elle n'avait pas atteint l'objectif financier qu'il avait fixé pour elle.

Elle n'a plus de repères, plus d'amis, plus de vie. Complètement endoctrinée, elle se fait même tatouer son nom de danseuse. « Elle perd son identité », résume la juge Mylène Grégoire. Pour supporter son rythme de travail effréné, elle consomme de l'alcool et de la cocaïne. Ses parents ne la reconnaissent plus.

« Elle témoigne avec franchise, transparence et avec aplomb. Elle ne cherche pas à se présenter sous son meilleur jour. Elle ne cache pas sa consommation d'alcool et de drogue », note la juge. L'identité de la victime est protégée par une ordonnance de la cour.

Quant à l'accusé, son témoignage est « évasif, imprécis, évolutif et contradictoire ». En outre, la juge a complètement rejeté sa version qui jetait tout le blâme sur sa victime.

Les yeux rougis, Serge Murenzi s'est fait mettre les menottes hier après-midi, visiblement sonné de ne pas profiter de sa liberté jusqu'à l'imposition de sa peine.

La procureure de la Couronne Louise Blais entend d'ailleurs demander une « peine sévère ». Selon la juge, il est « indéniable » qu'il encoure une « longue peine d'emprisonnement ». Les observations sur la peine à imposer auront lieu le 24 mai prochain.