Le braqueur de banque multirécidiviste qui avait provoqué une chasse à l'homme d'envergure dans le quartier Mile-End en septembre 2016 a été reconnu coupable sur toute la ligne jeudi après-midi. Alain Ste-Marie devra se soumettre à une évaluation psychiatrique, puisqu'il pourrait être déclaré délinquant dangereux ou à contrôler.

La juge Guylaine Rivest l'a reconnu coupable au terme de son procès au palais de justice de Montréal de huit chefs d'accusation : complot,  vols qualifiés, déguisement, utilisation d'une fausse arme à feu, possession d'une barre à clous, délit de fuite et introduction par effraction.

Le récit des crimes d'Alain Ste-Marie, le 2 septembre 2016, est digne d'un scénario hollywoodien. Avec sa conjointe Geneviève Dallaire, ils braquent vers 11 h 30 une banque de la rue Bernard dans l'arrondissement d'Outremont. Sa complice est armée et fait le guet pendant qu'il dérobe de l'argent. Ils prennent la fuite en taxi, mais un policier les aperçoit à leur sortie.

Alain Ste-Marie éjecte le chauffeur du taxi sans s'arrêter, les policiers aux trousses. Il roule à tombeau ouvert sur l'avenue du Parc et provoque un accident sur la rue Saint-Urbain. Un policier le tient en joue avec son arme à seulement 10 pieds du véhicule. Or, Alain Ste-Marie réussit à prendre la fuite dans une ruelle. Une policière arrête en même temps Geneviève Dallaire dans le taxi. Celle-ci a reçu une peine de 30 mois de prison l'an dernier.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) érige alors un imposant périmètre de sécurité pour retrouver le fugitif. Des dizaines de policiers du Groupe d'intervention tactique se déploient dans le secteur pendant des heures. Mais Alain Ste-Marie se cache dans l'appartement d'un citoyen absent à l'intérieur du périmètre. Il en profite pour boire une boisson gazeuse et une bouteille de rhum pour passer le temps. Son ADN y sera retrouvé. On l'arrête finalement trois jours plus tard.

Le coeur du procès s'est joué sur l'identification de l'accusé, comme ce dernier niait être le braqueur de banque masqué. Sa complice Geneviève Dallaire a d'ailleurs témoigné en défense qu'elle avait volé la banque avec un autre homme, un dénommé «Capone».

Cependant, sa version a été complètement rejetée par la juge Rivest. «Mme Dallaire a raconté une histoire cousue de fil blanc en se servant d'un personnage fictif surnommé "Capone" pour faire diversion», soutient-elle.

Notons que l'accusé s'est défendu seul pendant le procès, sous forte surveillance d'agents correctionnels en raison de ses antécédents d'évasion.

Alain Ste-Marie a d'ailleurs une très longue feuille de route criminelle qui remonte au début des années 90. Il a écopé en 2014 de 90 mois de détention pour deux vols qualifiés et possession d'une fausse arme à feu, alors qu'il venait de purger une peine de cinq ans de détention pour des crimes similaires en 2008.

À la demande de la procureure de la Couronne Geneviève Boutet, la juge Rivest a imposé à l'accusé de subir une évaluation psychiatrique. Le rapport produit permettra de déterminer s'il doit être déclaré délinquant dangereux ou délinquant à contrôler.

«Je ne ferais jamais une évaluation psychiatrique pour la Couronne !», a martelé l'accusé. À la fin de l'audience, Alain Ste-Marie a toutefois souhaité « Joyeuses Pâques » à la juge.

L'affaire revient pour la forme le 1er juin prochain.

PHOTO COURTOISIE

Alain Sainte-Marie en 2007