Trois ex-employés de Stationnement de Montréal qui ont volé 300 000 $ dans des parcomètres à coup de pièces de deux dollars en 2012 et 2013 ont été reconnus coupables d'une panoplie de chefs d'accusation de vol jeudi matin. Le juge Pierre Labelle a toutefois insisté sur le « laxisme » des mesures de sécurité de cette société publique qui gère des millions de dollars.

« Je suis une victime dans tout ça ! », s'est exclamé Jean-Michel Songue, à la sortie de la salle de cour du palais de justice de Montréal. L'accusé a carrément dénoncé un « complot » de Stationnement de Montréal. « C'est totalement faux, personne ne m'a vu, je n'étais pas là ! », a-t-il plaidé. Il a été reconnu coupable de huit chefs d'accusation de vol. L'homme de 33 ans entend porter en appel sa condamnation.

Ses deux complices, Richard Bellavance, 56 ans, et Jocelyn Joseph Lefebvre, 50 ans, ont respectivement été reconnus coupables de 20 et 14 chefs d'accusation de vol, menés en 2012 et en janvier 2013. Les trois accusés se sont représentés seuls pendant le procès, contrairement à un quatrième accusé, Dave Walder Angibeau, qui, lui, a obtenu un arrêt des procédures pour délais déraisonnables en vertu de l'arrêt Jordan en novembre dernier.

Le juge Labelle a fortement recommandé aux trois hommes de consulter un avocat en vue des observations sur leur peine en juin prochain, puisque de tels crimes risquent de leur valoir une peine d'emprisonnement.

Ces trois accusés, « cupides et gourmands », selon le juge, étaient affectés à la collecte des bornes de stationnement pour Stationnement de Montréal en 2012. Leur tâche était simple : ramasser les « voûtes » des parcomètres et les apporter au centre de tri de leur employeur. Or, les accusés avaient mis la main sur une clé artisanale. Ainsi, ils pouvaient ouvrir les « voûtes » à l'intérieur même de leur camion pour soutirer l'argent sans être vus.

Leur attrait pour les pièces de deux dollars les a toutefois trahis. « L'ensemble des voûtes identifiées avait une signature unique : l'absence de pièces de 2 $ sur le ratio des autres pièces. C'est comme si les gens qui utilisaient les bornes visées avaient tous convenus de ne pas utiliser de pièces de 2 $ cette journée-là », explique le juge Labelle.

Croyant inviolable leur système de collecte des bornes, les dirigeants de Stationnement de Montréal ont tardé à découvrir le stratagème de leurs employés. Des cadres ont fini par lancer une enquête interne après avoir découvert des pièces de deux dollars dans un véhicule de collecte des accusés. Des caméras de surveillance ont ainsi pris en flagrant délit Richard Bellavance et Jean-Michel Songue dans leur véhicule de collecte.

Employés et camions non fouillés à la fin d'un quart, absence de procédures de sécurité, faible surveillance des employés dans la zone de collecte : le juge écorche sévèrement Stationnement de Montréal dans sa décision. « Définitivement, nous sommes loin du système parfait tant vanté par les responsables », soutient-il. Cette société en commandite a versé à la Ville de Montréal plus de 53 millions de dollars en 2016 grâce à l'exploitation des stationnements publics.

Photo Ivanoh Demers, La Presse

Jocelyn Joseph Lefebvre

Photo Ivanoh Demers, La Presse

Richard Bellavance