Le Montréalais Kwasi Alfred Benjamin a été reconnu coupable mercredi après-midi du meurtre non prémédité de sa conjointe d'origine inuite Nellie Angutiguluk, au troisième jour de délibérations du jury au palais de justice de Montréal.

L'homme de 32 ans paraissait déboussolé dans le box des accusés au moment du verdict. «Nous allons faire appel», a-t-il murmuré à son avocat un peu plus tard.

La femme de 29 ans a été retrouvée morte étranglée, le 18 mai 2015, dans l'appartement du couple dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal. Le jury a ainsi cru la version de la Couronne qui soutenait que Kwasi Alfred Benjamin avait tué sa conjointe au terme d'une tragique nuit de beuverie en mai 2015.

L'accusé niait avoir étranglé sa conjointe, et laissait plutôt entendre qu'elle avait pu mettre fin à ses jours cette nuit-là, puisqu'elle avait tenté de le faire à deux reprises dans les semaines précédentes, selon lui. Mais son témoignage ne semble pas avoir fait douter le jury de la preuve de la Couronne.

Originaire du village de Puvirnituq, dans le Nord-du-Québec, Nellie Angutiguluk a laissé derrière elle sa famille et ses trois enfants il y a quelques années pour habiter à Montréal. Elle a toutefois sombré dans l'enfer de l'alcool dans la métropole. Après avoir vécu dans la rue un temps, la femme de 29 ans a emménagé en 2013 avec Kwasi Alfred Benjamin. Le couple buvait des quantités importantes d'alcool pratiquement tous les jours et se disputait souvent pour des questions d'argent.

La femme de 29 ans a été retrouvée morte dans le lit de Kwasi Alfred Benjamin le 18 mai 2015. C'est ce dernier qui a appelé le 9-1-1, mais seulement trois heures après son retour du travail. Kwasi Alfred Benjamin a assuré pendant le procès être parti travailler en croyant que Nellie Angutiguluk était toujours vivante.

Cette nuit-là, les deux avaient consommé chacun une vingtaine de bières, selon l'accusé. En retournant à l'appartement, il aurait retrouvé sa conjointe inerte, le dos appuyé contre le mur, quelques minutes plus tard. Il a témoigné l'avoir mise dans le lit.

Le lendemain matin, Kwasi Alfred Benjamin a essuyé de l'écume de la bouche de sa conjointe, mais n'a pas vérifié si elle respirait toujours avant de partir travailler. À son retour, vers 21 h, il n'arrivait pas à la réveiller. Pris de panique, il aurait tenté de joindre à plusieurs reprises la mère de la victime et son patron. Pourquoi n'a-t-il pas téléphoné au 9-1-1 ? « Je pensais qu'elle dormait ! », a-t-il répété plus d'une dizaine de fois pendant son témoignage.

Selon le rapport d'autopsie, Nellie Angutiguluk est morte d'une « strangulation au lien ». Une mince bande rougeâtre et un « étroit sillon » étaient bien visibles autour de son cou. Son taux d'alcoolémie était presque quatre fois plus élevé que la limite légale pour prendre le volant, mais ce n'était pas suffisant pour expliquer sa mort, selon la pathologiste judiciaire.

Pendant son témoignage, Kwasi Alfred Benjamin n'a jamais tenté d'expliquer comment sa conjointe aurait pu perdre la vie cette nuit-là. Toutefois, il a raconté au jury être intervenu de justesse lors de deux tentatives de suicide par strangulation de sa compagne au cours du mois précédant sa mort.

Au début du mois de mai, il dit avoir trouvé Nellie à genoux dans le placard de leur chambre, en train de s'étrangler avec la corde d'alimentation électrique du réveille-matin. Deux semaines plus tôt, il l'avait découverte en train de se pendre avec sa ceinture dans la salle de bains. Dans aucun des deux cas il n'avait téléphoné au 9-1-1, avait fait remarquer le procureur de la Couronne Dennis Galiatsatos.

Photo fournie par Yvan Pouliot

Nellie Angutiguluk