Dans un « cas évident de rage au volant » sur le Plateau-Mont-Royal en 2015, Marko Lubin a arraché le doigt d'un homme avec ses dents, avant de percuter volontairement le père de ce dernier. L'accusé de 27 ans a été reconnu coupable hier de cinq chefs d'accusation de voies de fait graves, de conduite dangereuse et de délit de fuite.

La juge Karine Giguère a complètement rejeté hier la version de l'accusé qui soutenait, pendant le procès, avoir mordu le doigt de Jonathan Cormier par légitime défense. Il prétendait aussi n'avoir jamais eu conscience d'avoir heurté le quinquagénaire Michel Cormier avec son véhicule.

« Il est impossible que l'accusé n'ait pas vu [M. Cormier]. [...] L'accusé a conduit de façon délibérément dangereuse et consciente, pour ensuite s'enfuir », a-t-elle conclu. Michel Cormier a subi de graves blessures au bassin, au sacrum, à un coude et à la colonne vertébrale, alors que son fils s'est fait amputer la houppe de la phalange de son doigt.

Cette explosion de violence s'amorce banalement à l'intersection de la rue Cartier et de l'avenue du Mont-Royal, le 2 mars 2015. Vers 15 h 30, le camion de la famille Cormier coupe la voiture de Marko Lubin en s'engageant dans la rue Cartier. Mécontent, l'accusé klaxonne sans cesse, ce qui pousse Michel Cormier à freiner avec son véhicule pour le contrarier. Il s'immobilise 150 mètres plus loin.

Jonathan Cormier, âgé d'une vingtaine d'années, sort rapidement du camion et demande agressivement à Marko Lubin de cesser de klaxonner. Après un échange houleux, il ouvre la portière de l'accusé et le frappe trois, quatre fois au visage. Pendant l'altercation, Marko Lubin mord le petit doigt de Jonathan Cormier si fort qu'il lui en arrache un morceau. L'accusé, lui, n'a qu'une légère rougeur sous la joue gauche.

« En panique et hystérique », Jonathan Cormier retourne vers son père, resté près de leur camion dans la rue Cartier. Marko Lubin sort du véhicule, crache le bout de doigt dans la rue et crie dans leur direction. Il monte dans sa voiture et fauche Michel Cormier à toute vitesse avant de s'enfuir. La conjointe de l'accusé se trouve alors du côté passager.

« La façon dont l'accusé sort de la voiture, avance dans la direction des Cormier, et crie vers eux, n'a rien à voir avec la réaction de quelqu'un qui se réjouit de s'être libéré d'une attaque. Cette réaction ne s'apparente pas à celle d'une victime, mais celle d'un agresseur triomphant. C'est dans cet état d'esprit que dans les secondes suivantes l'accusé fonce avec sa voiture volontairement et en accélérant sur Michel Cormier et quitte sans freiner et s'arrêter », soutient la juge dans sa décision rendue hier après-midi au palais de justice de Montréal.

Dans la salle d'audience, Marko Lubin n'a pas bronché à l'annonce de la décision. Les observations sur la peine auront lieu le 19 mars. La procureure de la Couronne Amélie Rivard entend demander une peine de pénitencier, soit au moins deux ans d'incarcération. L'accusé est défendu par Me Alex Blanchette.