Un ex-employé de la Garde côtière canadienne impliqué dans un complot d'importation de cocaïne en Nouvelle-Écosse a demandé la clémence de la cour vendredi dans un témoignage empreint de contrition. «Je suis tellement désolé», a répété, la voix cassée, Delbert William Meister. La Couronne fédérale réclame une peine de prison de deux ans pour l'ex-fonctionnaire de 71 ans, alors que la défense demande un sursis de peine.

«Je pleure tous les jours. Ça fait trois ans que je pleure. J'ai tellement de regrets et de dégoût envers moi-même. Je suis tellement désolé», s'est excusé le Néo-Écossais, la tête basse. «Je suis en enfer depuis que ça a commencé. J'aurais dû être beaucoup plus intelligent concernant mon frère», a-t-il ajouté.

Delbert William Meister a plaidé coupable en août dernier à un chef d'accusation d'abus de confiance par un fonctionnaire public. Lui et son frère, le narcotrafiquant Gary Christopher Meister, ont été piégés par un agent double de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pendant l'opération Harrington.

Selon un résumé conjoint des faits présenté au tribunal, les deux frères ont participé à deux rencontres avec cet agent double en juillet 2014 et en avril 2015. À cette époque, Delbert William Meister était quartier-maître au port d'Halifax pour la Garde côtière canadienne. Pendant leur première rencontre, sur un brise-glace, l'accusé s'est targué d'avoir accès à la liste des navires du port.

L'agent double lui a ainsi donné 5000 $ en échange d'une information portant sur un navire. Delbert Meister a donné l'information en février 2015. À leur seconde rencontre, en avril 2015, il a raconté à l'agent double avoir même tenté de photographier le navire. L'accusé a ensuite expliqué à ses deux complices que son poste de quartier-maître lui donnait accès directement aux informations de 25 navires et quatre avions. Pendant cette même rencontre, Gary Meister - le frère de l'accusé - a évoqué son nouveau complot d'importation de cocaïne à partir de la Colombie. Gary Christopher Meister a écopé d'une peine de huit ans et demi de pénitencier.

Le crime de l'ex-employé de la Garde côtière canadienne «a sapé l'intégrité de nos frontières et de la Garde côtière», a plaidé vendredi le procureur fédéral Samuel Monfette-Tessier au palais de justice de Montréal. La poursuite réclame une peine de prison de deux ans moins un jour pour Delbert Meister compte tenu de la gravité de son geste. «Il a utilisé son emploi pour aider à importer de la cocaïne au Canada», a souligné Me Monfette-Tessier.

L'avocat de la défense Dominique Shoofey a fait valoir que son client avait chèrement payé l'unique erreur de sa vie: il a perdu son emploi, ses amis, sa maison et sa carrière. Sa femme est décédée récemment, et à 71 ans, il travaille toujours comme signaleur. De plus, ses remords sont sincères et son risque de récidive est nul. C'est pourquoi il réclame à la juge Patricia Compagnone un sursis de peine (aussi connu comme une «sentence suspendue») de deux ans moins un jour. Le septuagénaire éviterait ainsi la prison.

La juge rendra sa décision dans les prochaines semaines.