Le Montréalais Hisham Saadi, accusé d'avoir menacé le printemps dernier de faire exploser des «engins artisanaux» à l'Université Concordia pour «combattre» les musulmans, a été renvoyé à l'Institut psychiatrique Philippe-Pinel en plein milieu de son procès, jeudi, afin d'évaluer sa santé mentale et sa responsabilité criminelle.

Au troisième jour du procès d'Hisham Saadi pour méfait, menaces et incitation à craindre des activités terroristes, le procureur de la Couronne François Allard a annoncé la fin de la présentation de sa preuve jeudi matin. L'avocate de la défense Caroline Braun a alors demandé à la juge Mélanie Hébert d'ordonner l'évaluation psychiatrique de son client.

Les psychiatres devront déterminer si au moment de commettre ses crimes Hisham Saadi était «atteint de troubles mentaux de nature à ne pas engager sa responsabilité criminelle». L'homme de 48 ans a ainsi deux jours pour se rapporter à l'Institut. Il sera évalué pendant une période de 30 jours qui pourrait être prolongée pour un mois supplémentaire. Notons qu'en mars dernier, il avait également été évalué pour sa capacité à subir son procès.

Cette demande est survenue à la suite d'une décision de la juge défavorable à la défense. Me Braun tentait de convaincre le tribunal que Hisham Saadi avait fait des déclarations contre sa volonté pendant l'interrogatoire policier qui a suivi son arrestation, le 1er mars 2017. Selon la défense, l'accusé avait consommé une triple dose de médicaments avant son arrestation et gardait un souvenir flou de l'interrogatoire. De plus, l'accusé s'était senti humilié par la combinaison blanche trop petite qu'il portait et qui laissait entrevoir ses sous-vêtements.

La juge Hébert a conclu que Hishaam Saadi avait participé de façon «libre et volontaire» à l'interrogatoire, puisqu'il était «lucide et alerte» pendant toute sa durée. Le policier lui avait d'ailleurs rappelé à plusieurs reprises son droit au silence. Pendant les trois heures et demie de l'interrogatoire, Hisham Saadi a raconté en détail le déroulement des derniers jours. Il n'a toutefois jamais admis avoir envoyé les lettres de menaces.

Néanmoins, au début du procès lundi, la défense a admis que l'accusé était bien l'auteur des lettres de menaces envoyées aux médias, le 1er mars. Cette «lettre d'avertissement» aux étudiants musulmans avait provoqué un branle-bas de combat au centre-ville de Montréal. On y menaçait de faire «exploser quotidiennement de petits engins artisanaux amateurs» aux trois étages de l'Université Concordia «où les musulmans passent leur temps». L'établissement avait été évacué pendant presque toute la journée, mais les policiers n'avaient finalement trouvé aucun explosif.

«Ils ne peuvent pas causer la mort. Juste des blessures pour quelques musulmans. Des non-musulmans peuvent être des dommages collatéraux. Si Concordia décide d'intervenir les activités musulmanes on va désactiver les engins explosifs», indique la lettre envoyée par courriel par Hisham Saadi à différents médias et organismes, le matin du 1er mars. Ce jour-là, l'accusé avait d'ailleurs un examen d'économie.

Hisham Saadi revient en cour le 12 mars prochain.