Tony Accurso a témoigné à son procès et « il a été cru ». C'est la conclusion que tire l'avocat Marc Labelle, qui a représenté l'entrepreneur lors du procès qui s'est conclu mardi par un verdict de non-culpabilité pour son client.

Moins d'une journée de délibérations aura été nécessaire aux 12 membres du jury pour prononcer l'acquittement de Tony Accurso. La décision est tombée mardi matin au palais de justice de Joliette.

M. Accurso était accusé d'avoir aidé l'ancien maire de Mascouche Richard Marcotte à commettre un abus de confiance dans l'attribution de contrats pour l'agrandissement de deux usines d'eau (production d'eau potable et assainissement des eaux usées). La poursuite alléguait que Tony Accurso avait donné des pots-de-vin au maire Marcotte afin que ses entreprises décrochent ces lucratifs contrats : trois voyages sur le bateau Touchet un chèque de 300 000 $. Mais M. Accurso a déclaré sous serment que les voyages étaient la démonstration de son amitié et que les 300 000 $ étaient un prêt personnel pour un investissement immobilier.

Tony Accurso est sorti du tribunal « soulagé », et son avocat a dit ne pas être surpris du verdict, car la poursuite devait présenter une preuve hors de tout doute raisonnable. Or, la thèse d'un pot-de-vin de 300 000 $ versé par chèque certifié n'avait pas de sens, selon Me Labelle.

Mais c'est le témoignage de son client qui a pesé dans la balance, selon lui. L'entrepreneur a expliqué ses liens avec Richard Marcotte avec le sourire, a vanté le luxe de son bateau et l'impact économique de celui-ci, avec la même aisance que lors des travaux de la commission Charbonneau. M. Accurso a même réussi à faire rire les jurés, deux fois plutôt qu'une. Il a toutefois banalisé le fait que ses entreprises brassaient des affaires avec la Ville de Mascouche.

À l'inverse, lors de la présentation de la preuve de la poursuite, l'attention du jury a souvent été mise à rude épreuve. À quelques reprises, des membres ont cogné des clous durant certaines explications. Le procureur, Me Pascal Grimard, reconnaissait mardi que ce genre de dossier, avec beaucoup de documents, pouvait être complexe pour un jury.

La poursuite évalue la possibilité de porter le verdict en appel.

Le dossier de Mascouche fait suite à une enquête appelée Gravier. Tony Accurso a été arrêté et accusé en avril 2012 avec 13 autres personnes, dont le maire Marcotte (mort en 2016) et l'entrepreneur Normand Trudel (il a écopé de 15 mois de prison), ainsi que deux entreprises, relativement à un système d'attribution de contrats municipaux.

À cette époque, M. Accurso faisait face à six chefs d'accusation ; cinq sont tombés au fil des ans, dont celui pour corruption, en plein procès, il y a deux semaines.

Tony Accurso n'est toutefois pas au bout de ses peines. Il fait face à d'autres accusations pour son implication dans le système de corruption municipale à Laval. Un premier procès a avorté en novembre dernier. M. Accurso devra affronter de nouveau la justice à compter du 7 mai prochain.