Les avocats de Marc-Yvan Côté, Nathalie Normandeau et consorts veulent savoir qui est la source qui a laissé filtrer des informations sensibles aux médias. La défense a d'ailleurs une liste de quatre « suspects » et entend faire témoigner des journalistes pour trouver le responsable.

« On a des soupçons autour d'un groupe de quatre personnes, a indiqué hier l'avocat de Marc-Yvan Côté, Me Jacques Larochelle. Pour déterminer qui est la source et quel est son rang dans l'État, on a besoin du témoignage des journalistes. »

Le juge André Perreault doit décider aujourd'hui ou demain s'il accède à la demande de la défense, qui veut voir les journalistes Marie-Maude Denis et Louis Lacroix à la barre. Le juge a repoussé hier un éventuel débat sur le privilège des sources journalistiques. Mais il ne pourra le repousser infiniment.

Me Larochelle veut notamment entendre Louis Lacroix, de Cogeco, relativement à un texte que celui-ci a signé sur le site de L'actualité. Le journaliste y racontait comment un mystérieux « Pierre » tentait de dévoiler aux journalistes la preuve accumulée par l'UPAC. Le journaliste se demandait s'il ne faisait pas ces démarches occultes dans le but de faire dérailler le procès Côté-Normandeau.

« M. Lacroix a entendu la voix de Pierre, qui est au coeur de cette affaire. Notre intention était de lui faire jouer quelques voix pour voir s'il peut reconnaître Pierre », a dit Me Jacques Larochelle, hier, au palais de justice de Québec.

Quant à Marie-Maude Denis, de Radio-Canada, la défense cherche les sources de la journaliste dans trois reportages diffusés dans le cadre de l'émission Enquête : « Notre ami Sam », en mars 2016, « Ratures et ruptures », en décembre 2015, et « Anguille sous roche », en 2012.

Les deux journalistes contestent leur appel à témoigner. Ils ont envoyé au juge Perreault une requête en cassation de subpoena.

ZAMBITO TÉMOIGNE

Ce matin, la cour entendra plusieurs autres témoins, notamment l'ex-entrepreneur en construction Lino Zambito et des enquêteurs de l'UPAC et de la Sûreté du Québec. Le juge Perreault a décidé de repousser le débat sur le privilège des sources journalistiques pour permettre d'entendre ces témoins : si l'origine des fuites est trouvée, la Cour du Québec se sauvera d'un débat délicat.

« Des témoins sous serment sont susceptibles de donner des réponses. Je laisse la porte ouverte à ce que les témoignages identifient une ou des sources précises d'un ou des reportages », a dit le juge André Perreault.

Les avocats de Marc-Yvan Côté et de Nathalie Normandeau ont déposé à la Cour du Québec plusieurs requêtes en arrêt des procédures. Ils arguent que les fuites dans les médias ont nui à leurs clients et ont miné leurs chances d'avoir un procès juste et équitable. « Ils sont condamnés de facto dans l'esprit du public », affirme la défense.

Selon elle, la fuite vient nécessairement de l'État, plus précisément de l'appareil policier. « Leur motivation semble d'établir au Québec un système de justice parallèle, avec des accès à des documents confidentiels et susceptibles de causer des dommages politiques importants », écrit la défense dans sa requête.