L'entrepreneur Tony Accurso et l'ancien maire de Mascouche, Richard Marcotte, étaient des amis si proches qu'ils se fréquentaient régulièrement depuis des décennies, autour d'un repas ou pour s'affronter sur un court de tennis. Et surtout, ils ne parlaient pas des affaires que chacun d'eux brassaient, ont témoigné vendredi la gouvernante et l'un des fils de M. Accurso, au procès pour abus de confiance de ce dernier.

À la barre des témoins, James «Jimmy» Accurso a expliqué aux 12 membres du jury qu'il ne se souvient pas exactement quand il a rencontré pour la première fois Richard Marcotte tant celui-ci faisait partie de l'entourage proche de son père depuis longtemps. Cela remonte à la petite enfance, a estimé l'homme âgé de 42 ans aujourd'hui. «Il m'a montré comment jouer au tennis. [...] Il venait me donner des cours l'été quand j'avais 7-8-9 ans», a-t-il relaté.

Selon Jimmy Accurso qui habite la maison voisine de celle de son père, Richard Marcotte et sa conjointe allaient souper chez son père au moins une fois tous les deux mois. Cette période correspond à celle au cours de laquelle Tony Accurso aurait aidé M. Marcotte à commettre un abus de confiance ; en contrepartie du versement allégué de pots-de-vin au maire Marcotte (trois voyages sur le Touch et un chèque de 300 000 $), M. Accurso aurait influencé l'attribution des contrats municipaux de Mascouche.

Mais Jimmy Accurso a affirmé sous serment que son père ne s'occupait pas des chantiers, trop occupé qu'il était à «faire grossir le groupe». En outre, il ne se mêlait pas de politique et il n'était pas question de travail lorsque son père et Richard Marcotte se retrouvaient ensemble.

En contre-interrogatoire, il a toutefois reconnu que les contrats au coeur du scandale à Mascouche (les usines d'eau) ne relevaient pas de la division dont lui-même était responsable au coeur de l'empire commercial de son père. De plus, il a dit ignorer que Richard Marcotte avait des problèmes d'argent.

LA GOUVERNANTE

Quant à la gouvernante Nicole Garneau, elle a témoigné qu'elle connaissait Tony Accurso depuis 1988. À l'époque, elle était serveuse à l'Auberge des Gouverneurs à Laval (aujourd'hui le Hilton) où M. Accurso venait y déjeuner une ou deux fois par semaine. À compter de 1996, elle a travaillé dans les établissements appartenant à M. Accurso, d'abord à la salle à manger du salon de paris puis au restaurant l'Onyx, deux commerces qui étaient situés dans le même complexe, à Laval.

Mme Garneau a affirmé que M. Accurso fréquentait très régulièrement les lieux, en étant toujours accompagné et en payant toujours pour ceux qui mangeaient à sa table.

Selon son expérience de serveuse, lorsque les convives sont en réunion d'affaires, ils suspendent leurs discussions lorsqu'elle s'approche de la table. Mais s'il s'agit d'un repas entre amis, les échanges se poursuivent sans contrainte.

Ainsi, elle a affirmé que MM. Accurso et Marcotte continuaient de parler lorsqu'elle les servait. C'est sur cette impression qu'elle s'appuie pour dire que les deux hommes avaient des rencontres entre amis.

En 2008, Mme Garneau est devenue gouvernante pour Tony Accurso. Lorsque M. Marcotte venait souper avec sa conjointe à la maison de M. Accurso, ils ne discutaient pas d'affaires, a-t-elle soutenu. «À la maison, j'entends tout ce qui se dit», a-t-elle précisé en contre-interrogatoire. Mme Garneau a fait le même témoignage pour ces mercredis soir d'été quand M. Marcotte venait à la maison pour jouer au tennis.

Le procès de Tony Accurso se poursuivra lundi au palais de justice de Joliette. Le comptable des entreprises de M. Accurso sera entendu puis, ce sera au tour de l'accusé de livrer son témoignage.

Le juge James Brunton de la Cour supérieure a prévenu le jury qu'à ce rythme, il pourrait débuter ses délibérations aussi tôt que vendredi prochain, soit trois semaines après le début du procès.

La Presse

L'ancien maire de Mascouche, Richard Marcotte, sur le yacht de Tony Accurso.