Récemment reconnu coupable d'un double meurtre, le criminel endurci Benjamin Hudon-Barbeau a reçu mercredi une peine de 16 ans de pénitencier pour sa «spectaculaire» évasion en hélicoptère de la prison de Saint-Jérôme en mars 2013. Mais des conditions de détention «extrêmement sévères» lui permettent d'échapper à deux ans de détention supplémentaire.

«Clairement, Hudon-Barbeau est l'unique instigateur des évènements du 17 mars 2013. Il dirige les actions de plusieurs complices pour faciliter une évasion de prison spectaculaire. Il a mis en péril la vie de plusieurs personnes. Qu'aucun décès ne soit à déplorer suite à cet évènement tient du miracle», a soutenu le juge Marc David.

Benjamin Hudon-Barbeau avait plaidé coupable en janvier 2016 à des accusations de détournement d'aéronef, d'évasion d'une prison et d'introduction dans une maison d'habitation pour y voler et endommager des biens. Il lui reste environ neuf ans à purger en tenant compte du temps passé en détention préventive. 

La peine initiale imposée s'élevait à 18 ans d'emprisonnement. Or, les quatre années de détention préventive de Benjamin Hudon-Barbeau en isolement constitue une «violation de sa dignité humaine», a tranché le juge, en soustrayant deux ans à sa peine. «Ces conditions de détention sont extrêmement sévères et difficilement supportables pour n'importe qui. Elles sont contraires à la dignité humaine. Elles nient la maladie mentale qui afflige Hudon-Barbeau depuis au moins 2009», ajoute le juge.

L'accusé devait passer 20 heures par jour dans sa cellule et n'a eu aucun contact avec les codétenus depuis quatre ans. Il avait accès à une cour extérieure sécurisée une heure par jour et devait garder ses menottes et ses chaînes aux pieds. «Il est impensable de croire que quatre ans plus tard, Hudon-Baribeau représente toujours un haut risque d'évasion», maintient le juge.

Le 17 mars 2013, deux complices de Hudon-Barbeau, Billi Beaudoin et Steve Marchisio, embarquent dans un hélicoptère de la compagnie Héli-Tremblant. Peu de temps après le décollage, Marchisio braque une arme à feu sur le pilote, Sébastien Foray et l'oblige à survoler la prison de Saint-Jérôme.

Dans la cour arrière de la prison, Benjamin Hudon-Barbeau, et un autre détenu Dany Provençal, attendent l'hélicoptère pour prendre la clé des champs. Ils s'accrochent à une corde attachée à l'hélicoptère et réussissent à s'évader devant des agents correctionnels ahuris. L'aéronef se pose un peu plus loin pour permettre aux deux fugitifs de monter finalement à bord. Benjamin Hudon-Barbeau force alors le pilote à se poser à Saint-Adèle. Les policiers mettront rapidement la main au collet du quatuor.

Sa peine, attendue depuis des mois, a finalement été prononcée mercredi, comme son procès pour double meurtre s'est récemment conclu. Benjamin Hudon-Barbeau a été reconnu coupable, le 17 novembre dernier, du meurtre prémédité de Pierre-Paul Fortier, du meurtre non prémédité de Frédérick Murdock et de deux tentatives de meurtre sur Vincent Pietrantonio et une autre personne, dont l'identité est protégée par une ordonnance de la cour. Mercredi, la poursuite a réclamé à la cour une peine consécutive de 50 ans d'emprisonnement contre Hudon-Barbeau.

«M. Hudon-Barbeau représente un risque qui n'est pas assumable pour la société, notamment en raison de son caractère, de son profil de dangerosité, de son impulsivité. C'est un individu qui est hors de contrôle», a expliqué à La Presse Me Steve Baribeau, procureur de la Couronne, pour justifier sa demande de 50 ans de détention minimum.

Image tirée de la preuve déposée en cour

Benjamin Hudon-Barbeau s'était évadé de la prison de Saint-Jérôme en hélicoptère en mars 2013.