Serge Saninga n'aurait pas dû mourir il y a deux ans. Le Montréalais de 21 ans qui rêvait de percer sur la scène rap a été abattu devant un dépanneur du quartier Saint-Michel. Or, ses deux assaillants visaient plutôt son ami Davidson Arretus, à ses côtés. Jayson Riché-Paquet et Randy Plaisir ont plaidé coupable hier à des accusations réduites de complot pour meurtre et d'homicide involontaire.

La vengeance des deux accusés remonte à 2014, selon un résumé conjoint des faits présenté hier devant le juge Marc-André Blanchard. Le meilleur ami de Jayson Riché-Paquet, Salem Yahiaoui, est alors tué dans une bagarre au couteau. Personne n'est accusé pour ce crime, mais Jayson Riché-Paquet est persuadé que Davidson Arretus faisait partie des belligérants d'un gang de rue rival responsables de ce meurtre.

Vers 15 h 30, le 22 août 2015, Jayson Riché-Paquet et Randy Plaisir, alors âgés de 18 et 20 ans, roulent dans le quartier Saint-Michel, à bord du véhicule Murano blanc du père de Riché-Paquet. Leur cible : Davidson Arretus. Ce dernier et son ami Serge Saninga sortent alors d'un dépanneur, au coin de la 25e Avenue et du boulevard Robert, devant le parc René-Goupil.

Le véhicule utilitaire sport ralentit devant les deux hommes, puis la fenêtre du côté passager avant s'abaisse. Un des deux accusés interpelle Davidson Arretus en créole et tire quatre projectiles en sa direction. Toutes les balles le manquent, mais son ami Serge Saninga est atteint mortellement. À 21 ans, il est tué sans raison, alors qu'il n'était affilié à aucun gang de rue, selon ses proches.

Le soir même, Davidson Arretus envoie une émoticône représentant un baiser sur le compte Facebook de Jayson Riché-Paquet. Le témoin-clé collabore ensuite peu à l'enquête et assure aux policiers qu'il n'entend pas identifier d'éventuels assaillants. L'arme du crime est saisie l'année suivante. Le pistolet se révèle être le même que celui manipulé trois jours avant l'agression par Jayson Riché-Paquet. Ce dernier s'était filmé avec son cellulaire en train de manipuler l'arme.

« ON NE S'EST JAMAIS REMIS DE LA MORT DE NOTRE FRÈRE »

L'identité du tireur n'est pas établie par la preuve, mais notons que Jayson Riché-Paquet, 20 ans, est le seul des deux coaccusés à avoir plaidé coupable à un chef d'homicide involontaire. Dans le box des accusés, les deux amis n'ont rien déclaré. Les observations sur la peine auront lieu le 9 février prochain.

La mort de Serge Saninga avait ébranlé sa famille qui s'était installée au Québec en 2006 pour fuir les violences en République démocratique du Congo. « La famille est bouleversée. On ne s'est jamais remis de la mort de notre frère. Avant de mourir, il a sorti ses chansons. Mais mon frère n'a jamais pu réaliser ses rêves », avait confié à La Presse l'an dernier la soeur de la victime, Carine Saninga.

Serge Saninga rêvait d'être musicien. Dans une de ses dernières chansons, sous son nom d'artiste Sweet-Kid, il chantait ses paroles maintenant lourdes de sens. « Ce qui me tue le plus, c'est que des étrangers montrent de l'amour, alors que les gens avec qui j'ai grandi ne font que haïr. »

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Jayson Riché-Paquet

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Randy Plaisir