La défense a entamé ses plaidoiries au procès pour terrorisme de Sabrine Djermane et El Mehdi Jamali à Montréal.

Après de deux jours d'exposés de la couronne, au terme desquels Me Lyne Decarie a demandé au jury de déclarer les accusés coupables de tous les chefs d'accusation, l'avocat M. Jamali, Me Tiago Murias, a commencé cet après-midi à énoncer sa position. 

« Dans une démocratie, on peut croire ce qu'on veut, même si certains pourront croire que c'est radical », a-t-il dit aux jurés lors de son introduction.

Il a invité le jury, en qui il a dit avoir totalement confiance, à utiliser la méthode scientifique pour analyser la preuve. C'est ce qu'il a lui-même commencé à faire, prenant une à une les hypothèses avancées par la couronne et s'efforçant de les déconstruire, ou au minimum, d'y semer le doute.

« Est-ce que M Jamali était prêt à faire usage de la violence dans un but idéologique djihadiste ? C'est une question à laquelle vous devrez répondre. M Jamali croit en un Dieu unique et il pratique sa religion. Mais est-ce que la preuve vous convainc que ça va au-delà de ça ? »

Le jeune homme, qui avait 18 ans et trois mois au moment de son arrestation en avril 2015, est accusé comme sa copine d'avoir tenté de quitter le Canada en vue de commettre un acte terroriste à l'étranger, de possession d'une substance explosive dans un dessein dangereux et d'avoir commis un acte au profit ou sous la direction d'un groupe terroriste.

Au sujet des plans de voyage, Me Murias a rappelé que les billets achetés par le couple étaient à destination d'Athènes. Cette ville, selon la preuve de la couronne, fait partie des destinations suggérées aux Occidentaux comme tremplin par le groupe armé État islamique pour ensuite entrer dans ses territoires.

« Est-ce qu'ils ont acheté les billets pour aller dans l'EI ou pour visiter Athènes ? Quelle est l'hypothèse la plus simple », a demandé l'avocat, ajoutant que les jeunes ont effectué des recherches sur les langues parlées à Athènes, que la preuve n'a pas établi qu'ils avaient un plan clair pour rejoindre l'EI ou qu'ils ont été en contact avec un recruteur, et qu'ils ont fait des recherches pour une croisière à l'époque où ils ont acheté leurs billets d'avion.

« Il me semble qu'une croisière, c'est incompatible avec aller faire le djihad. »

Au sujet des substances explosives, Me Murias n'a pas nié que la recette de bombe manuscrite découverte au condo du couple a été écrite de la main de son client.

Il a toutefois souligné que les accusés n'ont pas tenté de camoufler cette recette, trouvée sur la table de chevet lors d'une perquisition, même après avoir reçu la visite de la police. Idem pour certains ingrédients de ladite bombe, découverts dans un sac de plastique chez les parents du garçon avec la facture à son nom.

« Ils ont laissé les objets AVEC la facture qui les lie dans un sac, comme ça, quatre jours après la visite de la GRC. Posez-vous la question. Est-ce qu'ils auraient agi de la sorte s'ils avaient eu l'intention de faire quelque chose ? »

La défense a aussi soulevé des doutes quant à la propriété de certains ingrédients essentiels à la bombe, soit des lumières de Noël et du papier sablé.

Ces objets ont été trouvés dans un placard du condo que louait le couple. Photos à l'appui Me Murias a tenté de démontrer qu'ils avaient été oubliés sur place par la propriétaire.

La plaidoirie de la défense se poursuit demain.