La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, est appelée à la barre, mercredi, au procès de deux anciens organisateurs du Parti libéral provincial accusés de corruption pour des gestes qui auraient été commis lors de l'élection complémentaire dans Sudbury en 2015.

Mme Wynne a notamment expliqué au tribunal qu'à l'époque, elle ne croyait pas que le candidat qui avait été défait lors des précédentes élections générales était le mieux placé pour remporter l'élection partielle dans la même circonscription huit mois plus tard.

La première ministre témoigne au procès de Pat Sorbara, son ancienne chef de cabinet adjointe et ex-directrice de la campagne libérale, ainsi que Gerry Lougheed, un organisateur libéral à Sudbury. Ils ont plaidé non coupables à des accusations de corruption portées en vertu de la Loi électorale.

La Couronne les accuse d'avoir offert au candidat malheureux en 2014, Andrew Olivier, un emploi ou une nomination s'il acceptait de céder sa place, pour l'élection complémentaire, au député fédéral néo-démocrate Glenn Thibeault, qui est aujourd'hui ministre de l'Énergie dans le cabinet de Mme Wynne.

La première ministre ne fait l'objet d'aucune accusation dans cette affaire. Ses avocats ont d'ailleurs transmis mercredi une lettre au chef du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario, exigeant que Patrick Brown retire des propos qui laissaient entendre que Mme Wynne était aussi accusée.

La première ministre a expliqué mercredi au tribunal qu'à l'époque, elle estimait que les libéraux devaient absolument reprendre la circonscription de Sudbury, qu'ils avaient échappée aux mains des néo-démocrates en 2014 après 20 ans d'une domination ininterrompue. Elle a alors conclu que le candidat défait Olivier n'était pas le mieux placé pour remporter cette élection.

Mme Wynne a alors appris que le député fédéral néo-démocrate de Sudbury était intéressé à faire le saut chez les libéraux provinciaux. Or, l'organisateur Gerry Lougheed «connaissait très bien» M. Thibeault, a raconté Mme Wynne: elle s'est dit alors que «ce serait la personne toute désignée sur le terrain pour amorcer les pourparlers», même si ce changement d'allégeance était plutôt inusité.

Pat Sorbara fait aussi face à un deuxième chef d'accusation de corruption: selon la poursuite, elle se serait assurée que deux employés de circonscription de Glenn Thibeault obtiennent un salaire pendant la campagne électorale, à la demande du député néo-démocrate fédéral. M. Thibeault s'est toujours défendu d'avoir accepté ne serait-ce qu'une apparence de pot-de-vin dans cette affaire; il n'est pas non plus accusé.