Confronté au fait qu'il avait eu des relations sexuelles avec une skieuse d'âge mineur (Zoé, nom fictif), et que celle-ci s'était même fait avorter, l'entraîneur Bertrand Charest s'est défendu en disant qu'il avait été amoureux de cette jeune fille.

« Il m'a dit qu'il était vraiment tombé en amour avec elle. Je l'ai cru », a raconté un homme qui était proche de la skieuse en question. L'homme, qu'on ne peut identifier, a témoigné hier, au procès de l'ex-entraîneur de ski Bertrand Charest, jugé pour crimes de nature sexuelle à l'égard de skieuses qu'il a entraînées dans les années 90.

Le témoin a expliqué que cette confrontation [par courriel] avec M. Charest était survenue dans les années 2000. Il avait continué à voir M. Charest occasionnellement par la suite, même s'il avait un petit doute sur son explication.

LETTRE COMPROMETTANTE

Un autre homme issu du milieu du ski et proche de Zoé a raconté qu'il avait trouvé une lettre que Bertrand Charest avait envoyée à cette jeune fille.

Dans la lettre, Charest affirmait qu'il l'aimait, et parlait des relations sexuelles qu'ils avaient eues lors d'un voyage. L'homme ne savait pas trop quoi faire de ces révélations, et se demandait s'il devait en parler aux parents de Zoé. Il en a finalement discuté avec Zoé elle-même.

« Elle m'a dit de ne pas en parler, que c'étaient des affaires qui lui appartenaient. » - Un témoin qui connaissait Bertrand Charest et la plaignante Zoé

L'homme se souvient que M. Charest avait une attitude pas normale avec ses athlètes, pendant les entraînements. « Elles s'assoyaient sur ses genoux, le prenaient par le cou. »

UNE ATTITUDE

Une ex-skieuse qui a témoigné par le truchement de la vidéoconférence, hier, n'a pour sa part jamais fait l'objet d'avances sexuelles de Bertrand Charest. Elle ne fait pas partie des plaignantes, et a été appelée comme témoin seulement.

Elle se souvient que M. Charest était charmeur, et qu'il dénigrait les autres coachs, en laissant entendre qu'il pouvait faire mieux qu'eux, et amener l'athlète plus loin. Il trouvait les autres « trop mous », a-t-elle dit.

Avec M. Charest comme entraîneur, les filles pouvaient pleurer leur vie une journée en raison de ses commentaires négatifs, puis être encensées une autre journée.

« Il te donnait des beaux commentaires gentils, puis te détruisait pour que tu aies besoin de son aide. » - Une ex-skieuse de Bertrand Charest qui ne fait pas partie des plaignantes, mais qui a été appelée comme témoin

Cette jeune femme a raconté qu'une skieuse de l'équipe lui avait confié, en janvier 1997, avoir eu des relations sexuelles avec M. Charest.

LA MAIN DANS LES CULOTTES

Une autre skieuse de la division Laurentienne de ski alpin, que nous appellerons Kim, se souvient que Bertrand Charest lui a mis la main dans les culottes, une certaine journée de la saison de ski 1995-1996.

C'est arrivé alors qu'il conduisait une camionnette, et qu'elle était assise du côté passager. Une autre skieuse dormait sur la banquette arrière.

Une autre fois, alors qu'elle avait 18 ans, il l'a embrassée sur la bouche, alors qu'elle travaillait chez M. Charest à nettoyer le terrain. Elle se pensait un peu amoureuse de lui.

Le procès se poursuit aujourd'hui. M. Charest est jugé sous 57 accusations liées à 12 plaignantes.