À 59 ans, Tom affirme qu'il n'a «jamais volé un char» de sa vie. Sa job à lui était de les «chauffer et les démancher en morceaux.» Nuance.

Tom affirme qu'il a de la misère à tuer une mouche. Mais il a plaidé coupable à une accusation de meurtre non prémédité pour le meurtre de Robert Tanguay, et il est en prison pour au moins 12 ans à cause de cela.

Des fois, Tom dit qu'il était là quand Robert Tanguay a été abattu par John Boulachanis et enseveli dans le «pit de sable» de Rigaud, le soir du 9 août 1997. C'est ce qu'il a dit, mardi matin, alors qu'il était interrogé par le procureur de la Couronne, Joey Dubois, au procès de Boulachanis. Tom se souvenait même d'en avoir vomi après.

Des fois, Tom dit qu'il n'était pas là lors du meurtre. C'est ce qu'il a dit mardi après-midi, alors qu'il était contre-interrogé par  l'avocat de la défense, Marc Labelle. Ah, il se peut aussi qu'il était là au début, mais pas après.

«J'en ai fait des fausses déclarations. J'ai pas peur de le dire», a lancé Tom, à un certain moment. Il a aussi dit que lorsque quelqu'un lui raconte quelque chose, il se fait une «histoire» dans sa tête, essaie de s'imaginer comment c'est arrivé. Et après, il ne sait plus. Il invoque des «blancs» de mémoire.

Déroutant

C'est un témoignage pour le moins déroutant que Tom a livré au jury chargé de juger John Boulachanis, mardi, au Centre des services judiciaires Gouin. Boulachanis est accusé du meurtre prémédité de Robert Tanguay.

Selon la théorie de la Couronne, Boulachanis, Tom, Max (nom fictif) et Tanguay étaient impliqués dans les vols d'auto. En 1997, ayant eu vent que Tanguay voulait dénoncer leurs combines à la police, Boulachanis aurait planifié de le tuer.

Boulachanis, Tom et Max ont préalablement creusé un trou dans le «pit de sable» et y ont ensuite attiré Tanguay sous un faux prétexte. Boulachanis aurait abattu Tanguay, qui a ensuite été enterré avec de la chaux, dans le trou qu'on lui avait creusé. Son cadavre a été découvert quatre ans plus tard.

Tom admet qu'il a aidé Boulachanis et Max à creuser le trou. Mais il soutient qu'il pensait que c'était pour le chien à Tanguay, et non pour Tanguay lui-même.

«Pour moi, un chien, ça a quatre pattes. Je ne pensais pas que c'était pour un humain», a-t-il dit, mardi après-midi.

Tom trouve injuste d'avoir été condamné pour un meurtre qu'il estime ne pas avoir commis. Il a été arrêté en 2011 pour ce crime. Il disait qu'il était au bowling, mais on ne le croyait pas. Il s'est «tanné» d'attendre son procès. «Ça fait que j'ai plaidé coupable tabarnak», a-t-il lancé, mardi.

Une fois que la défense a eu fini d'interroger Tom, mardi, la Couronne est revenue pour réinterroger le témoin. La défense a formulé une objection, et le jury a été invité à sortir pour que les parties discutent d'un point de droit. Le procès devant jury, présidé par le juge Michael Stober, pourrait reprendre mercredi après-midi.

Noms fictifs

Il est à noter que Tom et Max sont des noms fictifs puisque leur véritable identité fait l'objet d'une ordonnance de non-publication. Max a été arrêté en 2001 pour le meurtre de Robert Tanguay. Il a plaidé coupable à une accusation réduite d'homicide involontaire et a écopé 12 ans de prison. Il a fini de purger sa peine et est venu témoigner la semaine dernière.

Tom a été arrêté en novembre 2011 pour le meurtre de Tanguay. Quelques années plus tard, il a plaidé coupable à une accusation réduite de meurtre au deuxième degré. Il a écopé la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant 12 ans.