Jacques Corriveau avait de la difficulté à payer ses factures, du temps où le Parti conservateur était au pouvoir. Mais à partir du moment où le Parti libéral a été élu, en 1993, M. Corriveau « a pris du poil de la bête », a fait valoir le procureur de la Couronne Jacques Dagenais, lors de sa plaidoirie, lundi.

« M. Corriveau est passé de la disette à faire beaucoup d'affaires avec Charles Guité [haut fonctionnaire fédéral, NDLR] », a soutenu Me Dagenais. Âgé de 83 ans, M. Corriveau est accusé de trafic d'influence, blanchiment d'argent et faux documents. Son procès, qui est sur les rails depuis un mois et demi à Montréal, tire à sa fin.  

Le ministère public reproche à cet ancien organisateur libéral, d'avoir agi comme intermédiaire afin que l'homme d'affaires Luc Lemay obtienne 40 millions en commandites entre 1997 et 2003. En retour, M. Corriveau aurait obtenu 17,5 % de cette somme, soit autour de 7 millions de dollars. « Il a accepté des avantages pour lui et pour le Parti libéral », a plaidé Me Dagenais, lundi matin.

Pendant tout l'avant-midi, Me Dagenais s'est employé à démontrer que M. Corriveau avait beaucoup d'influence au gouvernement. Me Dagenais a même soutenu que Charles Guité, directeur des services de publicité au ministère des Travaux publics, qui a dirigé le programme des commandites, était le « valet » de M. Corriveau. « À partir de 1993, M. Corriveau est constamment avec M. Guité. Il prenait des repas de trois à quatre fois par mois avec lui. M. Corriveau a aussi soupé plusieurs fois avec le premier ministre Jean Chrétien et son épouse Aline, et il est aussi allé coucher à leur chalet et dans leur domicile, a fait valoir le procureur, en détaillant l'agenda de M. Corriveau, ainsi que des lettres échangées à ce sujet.

Les plaidoiries se poursuivent en après-midi.