Une veuve de 82 ans qui s'était retrouvée devant la justice afin d'avoir l'autorisation de se laisser mourir de faim plutôt que de subir des électrochocs contre son gré échappera à ceux-ci, du moins pour le moment.

Dans un jugement qui vient d'être publié, la Cour supérieure a refusé à un hôpital de l'Outaouais le droit d'utiliser cette forme de traitement pour soigner sa dépression, tout en autorisant les médecins à la nourrir et à la médicamenter afin de la maintenir en vie.

Mme F.G., sans famille et sans amis, comprenait bien que ses demandes entraîneraient sa mort : c'est l'issue qu'elle souhaitait. En temps normal, le système de santé doit respecter un refus de traitement - y compris le fait d'être nourri -, peu importe les conséquences qui en découlent.

Mais dans ce cas-ci, la juge Carole Therrien a déterminé que la dépression faussait trop le jugement de la vieille dame pour que sa décision puisse être acceptée.

« Elle n'est pas apte à consentir aux soins proposés présentement », ni à les refuser, a-t-elle écrit, invoquant son « incapacité actuelle à nuancer » sa situation.

« Elle ne comprend pas que [la] distorsion cognitive fait partie des symptômes dépressifs qui l'affectent, continue le jugement. Elle ne peut donc comprendre qu'une intervention sur ce symptôme pourra modifier le prisme par lequel elle analyse les avantages et inconvénients. » C'était essentiellement la position défendue par les deux psychiatres qui se sont penchés sur son cas.

La juge Therrien a donc autorisé l'hôpital à administrer des antidépresseurs et des médicaments pour le coeur à Mme F.G., en plus de la nourrir pendant les quatre prochains mois. Ils devront ensuite revenir devant les tribunaux pour la suite des choses.

PAS DE TRAITEMENT AUX ÉLECTROCHOCS

En contrepartie, en analysant chacun des volets du plan de traitement pour lequel l'hôpital tentait d'obtenir un feu vert de la justice, la juge Therrien en a rayé le traitement aux électrochocs. « Le tribunal ne permet pas qu'il soit autorisé de manière préventive », lit-on dans la décision.

Déjà, dans une décision intérimaire rendue en juin, la Cour supérieure émettait des doutes quant à l'idée d'imposer un tel traitement à une vieille dame qui n'en veut pas.

«  Le plan de traitement proposé prévoit qu'elle demeure en institution, qu'elle reçoive des médicaments qui la font vomir et des électrochocs à raison de plusieurs fois par semaine pour améliorer son humeur, écrivait alors la juge Therrien. Cette perspective peu réjouissante pour elle est objectivement compréhensible. »

L'avocat de la veuve au centre du dossier n'a pas répondu au courriel de La Presse.