La psychiatre appelée par la défense au procès de Richard Henry Bain estime que l'accusé était probablement en proie à une crise psychotique le soir de l'attentat du Métropolis et qu'il n'aurait pu s'empêcher de commettre l'attentat meurtrier.

Selon la docteure Marie-Frédérique Allard, il est fort probable que M. Bain souffrait alors de trouble bipolaire (ou psychose maniaco-dépressive). Il était ce soir-là profondément convaincu d'être investi d'une mission divine à laquelle il ne pouvait déroger, a soutenu le témoin expert de la défense.

La docteure Allard a rencontré l'accusé, à la demande de la défense, deux semaines après l'attentat, puis une autre fois trois semaines plus tard. Elle a soutenu jeudi que selon toute vraisemblance, M. Bain était en proie à une crise psychotique le soir de l'attentat du Métropolis. La psychiatre est en tout cas convaincue qu'il souffrait bel et bien de psychose lorsqu'elle l'a rencontré le 18 septembre et le 9 novembre 2012.

Selon elle, il est fort probable que M. Bain souffrait aussi de trouble bipolaire (ou psychose maniaco-dépressive) le soir du crime, un état qui pouvait être causé par ses antidépresseurs. L'accusé lui aurait dit qu'il avait pris jusqu'à dix comprimés de Cymbalta ce jour-là.

Richard Bain, âgé de 65 ans, a plaidé non coupable aux six chefs d'accusation déposés contre lui. Il est accusé de meurtre prémédité, de trois chefs de tentative de meurtre, de possession de matériel incendiaire et d'incendie criminel, à la suite de la fusillade du Métropolis le soir de l'élection de Pauline Marois, le 4 septembre 2012.

Le technicien de scène Denis Blanchette a perdu la vie et son collègue Dave Courage a subi de graves blessures après qu'ils aient été atteints par le même projectile d'arme à feu ce soir-là. La Couronne soutient que l'attentat de nature politique était prémédité, alors que la défense plaide que son client devrait être reconnu non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux.

L'avocat de la défense, Alan Guttman, a demandé à son témoin si, selon elle, M. Bain aurait pu contrôler ses pulsions ce soir-là. La psychiatre estime que non, car il se croyait investi d'une mission divine, et ces délires sont inébranlables.

On a appris au procès que l'arme du meurtrier s'était enrayée, un imprévu attribué par l'accusé à Jésus Christ lors d'une entrevue avec la psychiatre. La docteure Allard estime que M. Bain y a vu le signe divin que sa mission était terminée.

Elle ne croit pas par ailleurs à la thèse de l'attentat politique - du moins à proprement parler. S'il y a eu des mobiles politiques à ce geste, ils faisaient partie d'un délire plus large, a-t-elle répondu à la défense.

Le jury a appris au procès que M. Bain avait déclaré à la docteure Allard, le 9 novembre 2012, qu'il avait voulu mettre le feu à la salle de spectacles et tuer «le plus de séparatistes possible». Il soutenait aussi que s'il avait vu Mme Marois à l'intérieur du Métropolis, il l'aurait abattue.

Le témoignage de Mme Allard doit se poursuivre vendredi.