Épuisée, Stéfanie Trudeau n'a plus d'énergie pour se défendre et n'a plus confiance au système. C'est ce que son avocat, Me Jean-Pierre Rancourt, a fait valoir lundi après avoir enregistré pour sa cliente une reconnaissance de culpabilité à plusieurs infractions déontologiques.

Mme Trudeau, qui n'était pas présente, a reconnu avoir abusé de son pouvoir de différentes façons, en intervenant auprès du citoyen Julian Menezes le 20 mai 2012, en plein printemps érable.

Ce fameux jour, le jeune homme s'était offert comme témoin à un cycliste qui, selon lui, venait de recevoir une contravention injustifiée. À la suite de son intervention, M. Menezes s'est vite retrouvé menotté, mais pas attaché, dans le véhicule de patrouille conduit par la policière Stéfanie Trudeau. Cette dernière a conduit en accélérant et en freinant brusquement, de sorte que M. Menezes s'est frappé contre le séparateur en plexiglas dans le véhicule. À la fin, il a été abandonné dans la rue, loin de chez lui. Le jeune homme affirmait aussi avoir été insulté par la policière.

UNE AUDIENCE DE QUELQUES MINUTES

L'audience en déontologie devait durer quatre jours, mais elle n'a duré que quelques minutes, étant donné la reconnaissance de culpabilité. Les parties se reverront jeudi pour l'imposition de la sanction. D'ici là, elles doivent faire un exposé conjoint des faits. À la vue de cet exposé, le policier Constantinos Samaras, qui faisait équipe avec Mme Trudeau ce fameux jour, décidera de ce qu'il fera - il est lui aussi accusé en déontologie pour l'incident en question.

On lui reproche principalement de ne pas être intervenu pour faire cesser les manquements déontologiques de l'agente Trudeau. Il doit aussi répondre d'une infraction pour avoir refusé de s'identifier avec un document officiel et ne pas avoir vérifié que M. Menezes portait sa ceinture dans la voiture de police.

Au moment où cet incident est survenu, en plein printemps érable, Mme Trudeau n'était pas connue dans la population. Cela n'allait pas tarder à changer. Quelques heures plus tard, elle serait filmée en train d'utiliser son gaz poivre sur des manifestants.

« Est-ce que je vous ai touché ? Est-ce que vos collègues sont en train de vous laisser faire... vous laissent me poivrer ? 728, on va s'en rappeler, vous allez passer à YouTube ce soir », avait lancé un jeune homme qui avait reçu le gaz poivre au visage.

Cette vidéo s'est effectivement retrouvée sur YouTube et est devenue virale.

Le 2 octobre de la même année sont survenus les incidents de l'avenue Papineau, qui allaient entraîner la suspension avec solde de Mme Trudeau et mener à une accusation de voie de fait pour laquelle elle a été déclarée coupable au terme de son procès, l'hiver dernier.

Me Rancourt, qui défend Mme Trudeau depuis le début, s'attend à ce que d'autres accusations déontologiques soient déposées. « C'est le temps d'en déposer », a-t-il ironisé, en faisant allusion au fait que sa cliente ne luttera pas. Mme Trudeau maintient toutefois l'appel de sa condamnation pour voie de fait. C'est un autre avocat qui la représente.

Rappelons que Stéfanie Trudeau, âgée de 44 ans, a été suspendue avec solde en octobre 2012 et qu'elle est à la retraite depuis l'automne dernier.

170 141,41$

Les frais de défense de Mme Trudeau dans les sphères criminelles, civiles et déontologiques ont coûté jusqu'ici 170 141,41 $ à la Ville de Montréal. Gonzalo Nunez, relationniste à la Ville de Montréal, a indiqué que la Convention collective des policiers de la Ville de Montréal stipule que la Ville rembourse toute dépense raisonnablement engagée dans la défense d'un policier, pour des événements arrivés alors qu'il était en fonction.

- Avec la collaboration de William Leclerc