Déclarée coupable de tentative de meurtre à l'endroit de sa fille au terme de son procès, en mars dernier, Johra Kaleki a écopé cet après-midi d'une peine de deux ans et neuf mois de prison.

La femme de 44 ans, d'origine afghane, ne semblait pas surprise outre mesure de la décision du juge Yves Paradis. Mme Kaleki était accompagnée de son mari, Ebrahim Ebrahimi, qui l'a toujours soutenue depuis le jour des événements, le 13 juin 2010. La procureure de la Couronne, Anne Gauvin, demandait dix ans, tandis que Me Isabel Schurman proposait une peine avec sursis.

Mme Kaleki avait attaqué sa fille de 19 ans avec un hachoir, parce qu'elle était sortie dans les bars deux soirs de suite et était rentrée aux petites heures du matin. La jeune fille a été blessée au cou et à une main, et a passé onze jours à l'hôpital. Elle s'est ensuite réconciliée avec sa mère, et a fait valoir que celle-ci regrettait, même si elle ne se souvient pas des événements. Lors d'un témoignage, la victime a demandé la clémence de la Cour et signalé que sa mère était la personne la plus douce qu'elle connaissait.

Le couple a quatre filles, et la victime est l'aînée. Pendant les procédures, cette dernière s'est mariée et sa mère a participé à l'organisation de la cérémonie. Le mariage n'a pas duré, et la jeune fille est revenue vivre avec ses parents, et tout va bien.

Aggravants

Le juge a considéré comme des facteurs aggravants le fait que la victime était la fille de Mme Kaleki et qu'il y a eu utilisation d'une arme. L'agression n'était pas préméditée mais n'est pas survenue sur l'impulsion du moment, a relevé le juge. La mère est allée chercher le hachoir, l'a caché sous son chandail, elle a demandé à son mari de la laisser seule avec sa fille, et elle a fermé la porte. Elle a commencé par embrasser sa fille, et lui a demandé de dormir, avant de l'attaquer. Alerté par les cris, son mari est arrivé et a réussi avec peine à maîtriser sa femme. Mais même après cela, Mme Kaleki a pourchassé sa fille, pour essayer de l'étrangler. 

Le juge est revenu souvent sur le fait que les gestes ne correspondaient pas du tout à ce qu'était Mme Kaleki habituellement. Elle a été décrite comme une mère aimante et attentionnée, et elle n'avait aucun antécédent de violence. Mais le juge a signalé qu'il avait très peu d'options autre que l'emprisonnement pour rencontrer les principes de dénonciation et de dissuasion. Le juge a indiqué que l'emprisonnement priverait la cadette des enfants de sa mère, mais a signalé que ce n'était pas exceptionnel. Elle pourrait compter sur son père et les deux soeurs plus âgées qui demeurent toujours à la maison.