Le soir du 16 juin 2012, Idelson Guerrier est sorti de sa chambre pour entrer dans celle de sa voisine à l'hôpital Notre-Dame. Il tenait une serviette roulée en long dans ses mains tendues et se dirigeait à pas feutrés vers le lit de la patiente qui, elle, était complètement enfouie sous les couvertures.

« Je suis allé voir et je suis resté dans l'encadrement de la porte. Je lui ai demandé ce qu'il faisait là. Il a fait une boule avec la serviette et l'a cachée dans sa jaquette. M. Guerrier m'a répondu qu'il s'était trompé de chambre. Il est retourné à sa chambre », a relaté Daniel Trudel, le préposé aux bénéficiaires qui travaillait aux soins intensifs en psychiatrie à l'hôpital Notre-Dame, ce fameux soir. M. Trudel a témoigné hier au procès d'Idelson Guerrier. L'homme de 35 ans est jugé pour deux meurtres prémédités et deux tentatives de meurtre à l'endroit de quatre patients qui étaient hospitalisés en même temps que lui à Notre-Dame, en juin 2012.

M. Trudel se souvient qu'il est allé trouver Guerrier dans sa chambre par la suite, après l'incident. Il était couché sur le ventre dans son lit. M. Trudel lui a demandé « la serviette », et ce « qu'il faisait avec ». Guerrier a pris la serviette, qu'il avait apparemment cachée dans les couvertures de son lit et l'a donnée à M. Trudel. Il a dit que « c'était pour s'essuyer », a relaté le témoin. M. Trudel a confisqué la serviette, et Guerrier n'a gardé qu'une débarbouillette.

Selon le souvenir du préposé, le grand gaillard qu'est Guerrier avait l'air d'un « enfant qui s'est fait prendre la main dans le sac ».

Un regard soutenu

En ce qui concerne la victime alléguée, Eytyxia Tsidanoulis, elle ne se serait rendu compte de rien, puisqu'elle était couchée avec les couvertures par-dessus la tête. « Ce n'est pas rare à l'hôpital », a précisé le témoin.

La section où se trouvait Guerrier, au huitième étage, comptait six chambres et un lieu commun avec un téléviseur. M. Trudel se rappelle que Guerrier avait regardé Mme Tsidanoulis avec insistance, avant l'incident, pendant des heures. Il ne la lâchait pas des yeux, « comme si ses yeux étaient une caméra », a-t-il dit.

Le matin même, un patient, Gaétan Sénécal, avait été trouvé mort dans son lit. Les employés ont d'abord pensé à une mort naturelle.

Selon d'autres témoignages entendus jusqu'ici, M. Guerrier a été transféré au septième étage par la suite. Le 21 juin, un patient de ce secteur, Claude Courtemanche, est décédé. Et le lendemain, Guerrier a été surpris en train d'attaquer une femme, Iolanda Bertocchi, dans son lit. La femme présentait des blessures au cou.

Le procès devant jury se poursuit aujourd'hui. Rappelons que M. Guerrier était arrivé à l'hôpital Notre-Dame en ambulance le soir du 13 juin 2012. Il se sentait épié et suivi, et pensait que sa femme était dans le complot.