Au troisième soir de son hospitalisation à l'hôpital Notre-Dame, le 15 juin 2012, Idelson Guerrier a refusé de prendre son médicament antipsychotique. «Il m'a dit qu'il pourrait s'en sortir sans aucune aide. Un patient a le droit de refuser de prendre ses médicaments.»

C'est ce que l'infirmière Melcède Dorvil a raconté, lundi, au procès d'Idelson Guerrier. L'homme de 30 ans est accusé d'avoir tué avec préméditation deux patients et tenté d'en tuer deux autres, en juin 2012. Il se serait servi d'une serviette pour étouffer les victimes, qui étaient hospitalisées comme lui dans la section psychiatrique.

M. Guerrier est arrivé en ambulance, le soir du 13 juin à l'hôpital Notre-Dame, après que deux appels en provenance du logement de sa mère, à Montréal-Nord, aient été faits au 9-1-1. Le premier parlait d'une chicane, le second d'un «homme en psychose. M. Guerrier, qui était en visite chez sa mère ce soir-là, a accepté de bon gré de monter dans l'ambulance. 

À son arrivée à l'hôpital, il a été évalué. Guerrier se sentait épié, suivi dans la rue, et pensait que sa femme faisait partie du complot. Le résident de Joliette a une conjointe et trois enfants. Il ne voulait pas être hospitalisé, mais il l'a été quand même, car le médecin de l'urgence, Samuel Belhachmi, estimait qu'il pouvait représenter un danger pour lui ou autrui.

Le lendemain, le 14 juin, Guerrier a été transféré au huitième étage de l'hôpital, soit aux soins intensifs de la section psychiatrique. L'infirmière Marie-Lourdes Duré-Morand, qui travaillait de 4 h à minuit, lui a posé plusieurs questions, et lui a donné sa médication, sans problème, soit l'antipsychotique Zyprexa. Guerrier disait avoir une femme et trois enfants. Il n'était pas très anxieux, mais croyait que des espions le suivaient dans la rue.

Le lendemain soir, c'est l'infirmière Melcède Dorvil qui travaillait dans la section, au 8e étage. Elle avait trois patients à s'occuper, dont Guerrier. Celui-ci a passé une soirée calme. Il avait bien soupé, avait redemandé un plat, qui lui avait été refusé, pour une question de poids. Il avait eu la visite de sa mère, vers 19 h, et avait discuté avec d'autres patients dans l'aire commune. Vers 21 h, l'infirmière Dorvil a voulu donner la médication à Guerrier, qui a refusé. «Un patient a le droit de refuser de prendre ses médicaments, même s'il est sous garde préventive», a expliqué la femme. Elle a indiqué qu'elle ne pouvait le forcer. Comme Guerrier n'était pas agité, il n'y avait pas lieu non plus de le mettre sous contention pour lui injecter de force un médicament.

Le lendemain, Gaétan Sénécal, 69 ans, était trouvé mort dans son lit, sur le même étage.

Le procès devant jury, qui est présidé par la juge Hélène Di Salvo, se poursuit. Guerrier, un grand gaillard plutôt costaud, est assis dans le box, souvent avec les bras croisés.