Les trois anciens dirigeants de la Sûreté du Québec (SQ) accusés de fraude, de vol et d'abus de confiance en lien avec l'utilisation d'un fonds d'opérations secret tentent d'utiliser le tribunal pour démontrer qu'ils ont été victimes d'un règlement de comptes de la part de plusieurs rivaux, dont l'homme qui s'est hissé à la tête du corps policier depuis, Martin Prud'homme.

C'est ce qui ressort de documents judiciaires liés à leur dossier rendus publics hier à la suite des démarches de plusieurs médias, dont La Presse, Radio-Canada et Québecor, devant la cour.

L'ancien patron de la SQ Richard Deschênes ainsi que les anciens cadres supérieurs Steven Chabot et Alfred Tremblay sont accusés d'avoir utilisé les fonds secrets de la SQ pour verser illégalement une prime à M. Chabot en lien avec son travail.

L'affaire remonte en 2012. Après son arrivée au pouvoir, le Parti québécois avait remplacé Richard Deschênes par Mario Laprise à la tête de la SQ.

Peu après, une enquête avait été ouverte sur l'utilisation des fonds par les anciens cadres supérieurs. Martin Prud'homme était alors sous-ministre de la Sécurité publique. Il avait gardé sa position, qu'il occupait déjà sous le gouvernement Charest.

Enquête orientée

Selon les accusés, le sous-ministre Prud'homme aurait constitué lui-même l'équipe spéciale d'enquêteurs chargés de cette affaire, qu'il contrôlait en partenariat avec Mario Laprise. Tous deux auraient entretenu un biais négatif envers MM. Deschênes et Chabot.

Dans une requête déposée à la cour, les accusés avancent que l'enquête a été orientée dans le seul but de les déclarer coupable, plutôt que de découvrir la vérité. Ils évoquent un règlement de comptes et soutiennent que Richard Deschênes a été victime d'une « destitution déguisée ».

Une lettre rédigée par l'accusé Alfred Tremblay ajoute qu'il « semblait évident » que certains gestionnaires visés étaient en conflit avec Mario Laprise.

Après le dépôt d'accusations contre les anciens dirigeants, le nouveau gouvernement libéral de Philippe Couillard a dégommé Mario Laprise et nommé l'ancien sous-ministre Martin Prud'homme directeur général de la SQ.

Dans une autre requête déposée dans le cadre de ce dossier, les procureurs du Directeur des poursuites criminelles et pénales déplorent les tentatives des accusés pour mener une « contre-enquête » devant le tribunal et pour « exposer certaines pratiques budgétaires et dépenses potentiellement discutables de la Sûreté du Québec » alors qu'il ne s'agit pas de l'objet du procès.

Un procès qui, pour le moment, n'est pas prévu avant 2017.