Les plaidoiries finales au procès criminel du sénateur Mike Duffy auront lieu au début de la prochaine année, alors que le témoignage de M. Duffy a pris fin jeudi.

La date exacte pour la phase ultime de son procès - qui s'étend bien au-delà des huit semaines d'audiences prévues - n'a pas encore été fixée.

C'est seulement après la fin des plaidoiries finales - qui s'annoncent également longues - que le juge Charles Vaillancourt commencera à délibérer sur la culpabilité de M. Duffy relativement aux 31 chefs d'accusation d'abus de confiance, de corruption et de fraude auxquels il fait face.

Au cours de la deuxième journée de son contre-interrogatoire, jeudi, M.Duffy a clamé que ce sont des erreurs humaines et les pratiques du Sénat - et non pas la cupidité ou des ennuis financiers - qui sont à l'origine des réclamations de dépenses injustifiées qui sont au coeur de la plupart des accusations.

Dans une salle de cour d'Ottawa, M. Duffy a été questionné sur ses indemnités quotidiennes incluant celles réclamées lors de vacances en Floride et un voyage en Colombie-Britannique pour une collecte de fonds politique annulée qu'il a transformé en une occasion de visiter de la famille.

Mais le sénateur a contesté ce qu'il voyait comme étant la prémisse des questions du procureur de la Couronne Mark Holmes, soit qu'il a fait tout cela pour l'argent.

Il a déclaré que sa vie ne tournait pas autour de l'argent. Car si c'était le cas, il serait resté à CTV, a déclaré l'ancien animateur de télévision.

Il a ajouté que ses buts dans la vie étaient d'agir correctement, d'aider les gens et de faire une contribution à la société.

Mike Duffy, qui a plaidé non coupable à 31 accusations de fraude, de bris de confiance et de corruption, a déclaré que lors de toutes ses années comme sénateur, il s'était fait avertir de problèmes avec ses réclamations de dépenses peut-être trois fois.

Et pour montrer sa bonne foi et à quel point il faisait confiance au processus du Sénat, il dit avoir laissé à son assistant un carnet de chèques en blanc signés afin qu'il puisse rembourser immédiatement toute somme qui aurait été réclamée par erreur.

Ce qui ne veut pas dire qu'il savait toujours quelles réclamations étaient soumises.

La cour a aussi entendu que M. Duffy laissait aussi à son personnel des formulaires vierges, mais signés, pour que ses employés puissent les remplir - une pratique courante au Sénat - en raison de la pression mise sur les sénateurs pour qu'ils remplissent et soumettent leurs réclamations à temps.

Voilà comment une réclamation a été faite pour une indemnité quotidienne pour un voyage d'affaires, alors que le sénateur Duffy était en fait en vacances en Floride.

Celle-ci a été remplie par erreur par l'un de ses assistants.

«Si je l'avais vue, je n'aurais jamais réclamé pour mon temps à l'extérieur», a dit M. Duffy.

Il a déclaré que c'était ultimement sa responsabilité de vérifier que les réclamations déposées étaient valides et correctes, mais que les formulaires présignés étaient la façon de faire.

«J'ai fait ce que les autres faisaient.»

«Peut-être qu'il s'agissait d'une pratique inadéquate, mais il n'y a jamais eu d'intention de ma part de faire une fausse réclamation et de chercher à obtenir des choses que les règles ne permettaient pas de réclamer.»

Au centre de la défense de Mike Duffy se trouve l'argument selon lequel il n'a commis aucun crime, mais qu'il s'est retrouvé pris dans une toile de règles obscures et complexes qui rendaient la tâche impossible à tous les sénateurs.