Un ancien conseiller principal de Stephen Harper aurait profité de sa présumée tentative d'influencer le gouvernement à se procurer des systèmes de purification d'eau fabriqués par l'entreprise de sa fiancée d'autrefois, ont plaidé les procureurs de la Couronne dans le cadre de son procès qui s'est ouvert lundi.

Bruce Carson a formellement plaidé non coupable aux accusations de trafic d'influence qui pèsent contre lui - une autre affaire qui a été dénoncée par les partis d'opposition, qui remettent en question les nominations du premier ministre sortant.

M. Carson a affirmé lors de son enquête préliminaire qu'il avait simplement voulu aider lorsqu'il avait tenté de faciliter des rencontres entre l'entreprise d'Ottawa, H2OWater Professionals, et des représentants du gouvernement, en 2010 et 2011.

L'avocat de la Couronne, Jason Nicol, a toutefois soutenu à la Cour supérieure de justice de l'Ontario que M. Carson n'avait pas seulement des objectifs altruistes en tentant d'aider l'entreprise à conclure la vente de systèmes de filtration à des communautés des Premières Nations qui tentaient de régler leurs problèmes d'eau contaminée.

M. Carson, selon Me Nicol, était motivé par sa volonté d'aider son amoureuse de l'époque, Michele MacPherson, qui tentait de refaire sa vie après avoir pratiqué le métier d'escorte.

Les documents de l'enquête préliminaire ont été soumis en preuve à son procès, qui ne devrait durer qu'un seul jour.

«Tout tourne autour d'une belle fille», a affirmé Me Nicol, qui lisait les cartables épais des preuves.

«Elle est la seule raison pour laquelle nous sommes là-dedans», avait écrit M. Carson sur sa conquête d'autrefois dans un courriel qu'il avait fait parvenir au propriétaire de l'entreprise H2O. Dans ce message, il avait soulevé la possibilité que Mme MacPherson reçoive une commission pour la vente.

L'accusé aurait dit au propriétaire Patrick Hill qu'il pouvait organiser des rencontres avec des ministres du gouvernement et des fonctionnaires pour qu'il puisse vendre ses produits. M. Carson aurait même contacté le premier ministre lui-même pour aborder ce sujet.

La Couronne a argué que même si M. Carson n'avait pas eu vraiment d'influence, il prétendait en avoir et il l'a utilisée pour son propre bénéfice.

Bruce Carson était un conseiller important du premier ministre Harper de 2006 à 2008.

Les adversaires de M. Harper n'ont d'ailleurs pas tardé, lundi, à lier le premier ministre sortant à l'accusé.

Le chef libéral Justin Trudeau a classé Bruce Carson parmi la «longue liste de nominations douteuses» du chef conservateur. «M. Harper n'a pas été très bon dans sa sélection des gens qui doivent servir les Canadiens avec compétence et intégrité», a déploré M. Trudeau.

Questionné sur le sujet alors qu'il était à Kamloops, à Vancouver, M. Harper s'est contenté de dire qu'il s'agissait d'allégations contre un simple citoyen qui ne travaille plus à son bureau depuis longtemps.

L'affaire Carson suit de près le procès hautement médiatisé du sénateur Mike Duffy, qui a forcé les conservateurs à s'écarter de leur message électoral durant environ deux semaines, en août.