Chris Woodcock, l'ancien responsable de la gestion d'enjeux du premier ministre Stephen Harper, affirme qu'il n'avait pas lu le passage d'un courriel dans lequel son ex-patron Nigel Wright lui révélait en mars 2013 qu'il avait « personnellement couvert les 90 000 $ de Duffy ».

M. Woodcock, qui a entrepris son témoignage lundi matin au procès du sénateur suspendu, est le deuxième membre de la garde rapprochée de M. Harper à ainsi dire qu'il n'a pas lu un courriel de Nigel Wright qui leur divulguait cette information. Il y a deux semaines, un porte-parole de la campagne conservatrice a offert la même explication pour l'actuel chef de cabinet du premier ministre, Ray Novak.

M. Wright a été congédié par Stephen Harper en mai 2013 lorsque l'existence de ce paiement a été rendue publique dans les médias. Le premier ministre a toujours refusé d'étendre sa responsabilité à d'autres membres de son équipe. Mike Duffy fait face à 31 chefs d'accusation, dont un de corruption de fonctionnaire public pour avoir accepté ce paiement de 90 000 $ de Nigel Wright. Personne d'autre n'a été accusé.

Chris Woodcock a déclaré sous serment lundi qu'il n'avait pas lu en mars 2013 la fin du courriel dans lequel l'ancien chef de cabinet Nigel Wright lui disait: « Pour toi seulement j'ai personnellement couvert les 90 000 $ de Duffy ».

« Je ne l'ai pas vu à l'époque, a-t-il dit. Je n'ai pas vu cette ligne avant la fin juin 2013. J'étais très surpris quand je l'ai vue. » Il a ajouté qu'il ignorait tout de cette implication financière de son patron jusqu'en mai, lorsque l'information a été rendue publique.

Le témoin, qui a quitté le cabinet du premier ministre dans les mois qui ont suivi ce courriel, a été largement impliqué dans les jeux de coulisse qui ont mené à l'entente conclue entre le CPM et Mike Duffy pour que le sénateur annonce publiquement qu'il avait remboursé le Sénat pour ses primes de résidence. Il était notamment chargé de rédiger les messages médiatiques, de surveiller l'évolution de l'histoire dans les médias et de fournir des conseils stratégiques sur la manière de gérer la crise.  

Deuxième fois

C'est la deuxième fois qu'un employé ou ex-employé du CPM impliqué dans cette affaire plaide l'ignorance, malgré des courriels déposés en preuve au procès qui suggèrent le contraire.

Dans un courriel envoyé à Ray Novak le 23 mars, Nigel Wright écrivait: « Je vais envoyer mon chèque lundi » à l'avocate de Mike Duffy à l'époque, Janice Payne.

Le porte-parole de la campagne conservatrice Kory Teneycke a réagi à ce courriel il y a deux semaines en disant que M. Novak ne l'avait pas lu, qu'il recevait un nombre élevé de messages chaque jour et qu'il n'était pas très impliqué dans ce dossier.

L'actuel chef de cabinet, qui voyage avec le premier ministre dans le cadre de l'actuelle campagne, agissait alors comme secrétaire principal du premier ministre. M. Harper affirme qu'il a été tenu dans l'ombre par M. Wright au sujet de son implication financière et que seul lui et Mike Duffy sont responsables de ce scandale.