L'ancien avocat du Cabinet du premier ministre dit avoir été abasourdi lorsque Stephen Harper a insisté sur le fait qu'un sénateur n'avait besoin de posséder que 4000$ de la valeur d'une propriété dans une province pour la représenter à la chambre haute.

Témoignant jeudi au procès du sénateur Mike Duffy, à Ottawa, Benjamin Perrin s'est remémoré d'anciennes discussions au sein du Cabinet du premier ministre sur le fait de protéger les sénateurs conservateurs des questions sur leur légitimité à siéger au Sénat.

Me Perrin a affirmé avoir donné en février 2013 son opinion à M. Harper, alors que commençaient à émerger des doutes sur l'admissibilité de certains sénateurs, dont Pamela Wallin et Mike Duffy. Ce dernier est accusé de fraude, d'abus de confiance et de corruption, mais il clame son innocence.

Le témoin a aussi dit avoir recommandé d'adopter des critères pour évaluer si un sénateur remplit les exigences constitutionnelles pour représenter une province.

La Constitution canadienne stipule qu'un sénateur doit posséder une part d'au moins 4000$ sur une propriété, et qu'il doit résider dans la province qu'il est nommé pour représenter.

M. Harper soutenait que l'exigence de propriété minimale devrait être la seule exigence, a affirmé Me Perrin, ce qui, en regard de ses propres recherches, l'a beaucoup étonné.

Ainsi, a fait valoir celui qui est présentement professeur de droit à l'Université de la Colombie-Britannique, il pourrait représenter le Nunavut simplement en possédant une parcelle dans ce territoire nordique.

La comparution de Me Perrin à la barre des témoins fait suite à celle de l'ancien chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright.

M. Wright a secrètement remis un chèque de 90 000$ à Mike Duffy en mars 2013, pour couvrir les dépenses inadmissibles du sénateur. La révélation de ce geste, deux mois plus tard, a déclenché un scandale national.

Interrogé par la police l'an dernier, Me Perrin a indiqué que M. Wright l'avait informé de ce paiement durant une rencontre et que l'actuel chef de cabinet de M. Harper, Ray Novak, se trouvait dans la même salle.

M. Novak nie avoir été au courant.

M. Harper a toujours soutenu à la Chambre des communes que MM. Wright et Duffy étaient les deux seuls au courant et refuse de commenter les témoignages qui le contredisent depuis le début du procès.