Jonathan Mignacca, considéré par la police comme le garde du corps du caïd Raynald Desjardins, ira-t-il au pénitencier ou en prison pour avoir ouvert le feu vers un tireur qui a tenté de s'en prendre à lui et à son patron en septembre 2011 à Laval ?

Devant le juge Gilles Garneau de la Cour du Québec hier au palais de justice de Laval, la procureure de la Couronne, Me Juliana Côté, a réclamé cinq ans pour l'homme de 30 ans alors que son avocat, Me Claude Olivier, a suggéré une peine variant entre 30 et 21 mois, incluant la détention préventive de trois mois.

Le 16 septembre 2011, Mignacca et Raynald Desjardins étaient garés chacun dans un VUS en bordure du boulevard Lévesque, près du pont de l'autoroute 25, lorsqu'un tireur arrivé en moto-marine a mitraillé leurs véhicules.

Armé d'un pistolet, le jeune homme a répliqué et tiré à son tour en direction du tireur qui est parvenu à prendre la fuite. La scène digne du far-west s'est déroulée en plein jour et le son de la fusillade et une partie des images ont été captés par une caméra de surveillance d'un autobus de la STM qui passait au même moment.

En janvier dernier, Mignacca a été reconnu coupable de trois chefs : avoir déchargé intentionnellement une arme à feu sans se soucier de la vie d'autrui, avoir eu en sa possession des munitions prohibées et avoir eu en sa possession une arme prohibée sans être titulaire d'un permis.

Depuis, la Cour Suprême du Canada a rendu une décision invalidant la peine minimum de trois ans de pénitencier pour la possession d'une arme prohibée.

Message clair

«L'événement est survenu en plein jour, dans un lieu public, à travers une piste cyclable, près d'un autobus et des voitures avec des civils à bord, il aurait pu blesser quelqu'un. Il a mis la vie et la sécurité d'autres personnes en danger et face au danger que constituent les armes à feu, le tribunal doit envoyer un message clair», a lancé la procureure Juliana Côté.

Pour sa part, Me Olivier a fait valoir que son client a ouvert le feu après que l'intrus eut tiré à 17 reprises. «Ce n'est pas pour banaliser le geste mais l'utilisation de l'arme est fait dans un but de sauver sa vie», a argué le criminaliste.

Le juge Garneau a toutefois répondu qu'il ne pouvait faire de telles conjectures et n'avait pas apprécié une telle preuve. Durant le procès, Mignacca n'a pas plaidé la légitime défense. Le magistrat rendra sa décision vendredi matin.

Fait à noter, la semaine dernière, le juge a réfléchi à la possibilité d'annuler le cautionnement de Mignacca parce que ce dernier n'avait offert qu'une collaboration mitigée à l'agente de probation chargée de rédiger un rapport présentenciel.

Hier, Mignacca a déposé une déclaration écrite de deux pages dans laquelle il explique ses parcours scolaire et familial difficiles, et son historique professionnel jusqu'à l'emploi de superviseur de projets sur des chantiers de construction qu'il occupe actuellement.

Raynald Desjardins est détenu et en attente de procès pour le meurtre de l'aspirant-parrain, Salvatore Montagna, commis en novembre 2011 à Charlemagne et cet événement serait lié à la tentative de meurtre contre le caïd survenue deux mois plus tôt à Laval, selon la police.

PHOTO COURTOISIE

Un Dodge Journey criblé de balles et utilisé par Jonathan Mignacca lors de la tentative de meurtre contre Raynald Desjardins.