Sans tambour ni trompette, Alessandro Sucapane, ancien bras droit du défunt chef de clan de la mafia montréalaise, Giuseppe De Vito, a été condamné à 10 ans de pénitencier hier, au palais de justice de Montréal.

Sucapane, 50 ans, a été arrêté en juin 2014 dans une importante opération antimafia baptisée Clemenza et menée par la Gendarmerie Royale du Canada. L'enquête Clemenza avait commencé en 2011 et ciblait des clans émergents de la mafia qui avaient pris de l'ampleur à la suite de la tentative de putsch contre la famille dominante des Rizzuto à laquelle ils auraient d'ailleurs vraisemblablement pris part.

Le caïd Raynald Desjardins et son groupe étaient des sujets d'intérêt de cette enquête jusqu'à ce qu'ils soient arrêtés pour le meurtre de l'aspirant parrain Salvatore Montagna tué à Charlemagne en novembre 2011.

Coupable

Dans le cas de Sucapane, le juge Pierre Labelle de la Cour du Québec a entériné une proposition commune de la Poursuite et de la défense annoncée après que le mafioso eut plaidé coupable à une dizaine de chefs de gangstérisme, trafic de cocaïne et de cannabis, et production de marijuana.

Selon un résumé des faits lu par la procureure de la Couronne fédérale, MeNancy Perrault, Sucapane, « bras droit de De Vito et membre du noyau dur » de l'organisation, a notamment été impliqué financièrement dans l'aménagement d'une plantation de cannabis à Saint-Eustache démantelée par la police en 2011, a trafiqué de la cocaïne dans des bars de son territoire, a fixé les prix de vente de kilos de cocaïne, supervisé l'achat et la livraison de cocaïne et de marijuana, ordonné que l'on règle le cas d'un vendeur de stupéfiants problématique et supervisé la collecte d'individus en dette envers l'organisation entre janvier et juin 2011.

Même en prison

La preuve révèle également que Sucapane a aidé son patron, Giuseppe de Vito, à poursuivre ses opérations même si ce dernier était incarcéré. Il était l'un des rares à lui parler directement et l'aidait à entrer drogue et cellulaires au Centre de prévention Rivière-des-Prairies. Ainsi, en mars 2011, De Vito a demandé à Sucapane de fournir de la résine de cannabis à un certain Dany qui s'apprêtait à sortir de prison. Le plan était qu'une fois la résine obtenue, le Dany en question se fasse de nouveau arrêter pour non-respect de conditions le lendemain dans le but d'être immédiatement retourné à Rivière-des-Prairies et d'y faire entrer la drogue.

Une accusation de possession d'armes portée contre Sucapane en lien avec la découverte d'un véritable arsenal de guerre découvert dans un entrepôt de la rue Pascal-Gagnon à Montréal durant l'hiver 2011 a été retirée d'un même qu'un autre chef d'incendie criminel contre le bar Monte-Cristo.

En soustrayant la détention préventive de Sucapane, il lui reste neuf ans à purger.

Giuseppe De Vito, qui aurait trempé dans le putsch raté contre le clan Rizzuto en 2009-2010, a été empoisonné au cyanure au pénitencier de Donnacona durant l'été 2013.

Selon nos sources, son bras droit, Alessandro Sucapane, s'est rallié aux Siciliens après le retour de Vito Rizzuto et aurait été proche de la table de direction de la mafia mise en place après la mort naturelle du parrain, avant d'être arrêté en juin 2014.

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