Le garde du corps de Raynald Desjardins a été reconnu coupable ce midi à Laval d'avoir déchargé une arme à feu, mais est tout de même parvenu à éviter d'être envoyé immédiatement derrière les barreaux.

Le matin du 16 septembre 2011, en bordure du boulevard Lévesque près du pont de l'autoroute 25 à Laval, Jonathan Mignacca, 30 ans, a ouvert le feu en direction d'un individu qui avait traversé la rivière des Prairies en motomarine et qui criblait de balles le VUS BMW de Raynald Desjardins à coups de AK-47.

Le caïd n'a pas été blessé et a fui les lieux en véhicule. Moins chanceux, Mignacca a dû abandonner sa camionnette et a pris la fuite à pied vers la rivière, puis vers un secteur résidentiel, avant d'être rapidement arrêté par les policiers.

C'est une preuve circonstancielle qui a été présentée au procès. Relevant des contradictions dans les déclarations des témoins oculaires, la Défense a bien tenté de démontrer que Mignacca n'était pas armé et qu'il pourrait y avoir eu plus de deux tireurs lors de la fusillade, mais le juge Gilles Garneau de la Cour du Québec n'a pas retenu cette version, affirmant «que les événements se sont passés très vite et qu'il était normal et humain qu'il y ait des divergences».

Le magistrat a plutôt conclu qu'il n'y avait nul doute que Mignacca se trouvait dans le véhicule tombé en panne sur la scène de crime, qu'il était armé, qu'il avait possédé un pistolet Glock 27 retrouvé quelques mois plus tard sur les berges de la rivière, que c'est cette arme qui avait percuté six douilles de calibre .40 retrouvées dans le véhicule en panne et que c'est cette même arme qui lui a blessé la main, car il l'a tenait mal, et a laissé des traces de poudre sur la manche gauche de son kangourou.

Par conséquent, il l'a trouvé coupable de trois accusations: avoir déchargé intentionnellement une arme à feu sans se soucier de la vie d'autrui, avoir eu en sa possession des munitions prohibées et avoir eu en sa possession une arme prohibée sans être titulaire d'un permis. En revanche, deux chefs ont été retirés.

La Poursuite, dirigée par Me Juliana Côté, a réclamé la peine minimum de quatre ans de pénitencier et l'incarcération immédiate.

Mais la Défense, assurée par Me Claude Olivier, a fait valoir que la Cour Suprême du Canada s'apprêtait à rendre une décision sur la constitutionnalité de la peine minimale en matière de possession d'une arme à feu et a annoncé au juge Garneau son intention de déposer un avis en ce sens au plus tard vendredi, avant de plaider sur la peine.

«Mon client est sous le choc», a déclaré Me Claude Olivier, se disant lui même déçu que Mignacca ait été reconnu coupable sur certains des chefs.

La cause a été reportée au début de l'été.