La défense dans le procès sur la collusion à Boisbriand est déterminée à attaquer la crédibilité de Gilles Cloutier, cet ancien spécialiste des élections clés en main et témoin vedette de la commission Charbonneau qui se retrouve maintenant à la barre des témoins de ce premier grand procès découlant d'une enquête de l'Unité permanente anticorruption.

«Si on veut établir un pattern d'un menteur pathologique, possiblement taré, la question de la crédibilité du témoin, c'est sûr qu'on va le plaider ad nauseam», a prévenu hier Me Luc Carbonneau, qui représente dans cette affaire l'ex-maire de Boisbriand, Robert Poirier. [NDLR: En droit criminel, l'expression «taré» fait référence au concept de délateur.]

«Nous allons prouver qu'il a menti plusieurs fois sous serment, c'est hautement pertinent», a ajouté Me Carbonneau.

L'ancien vice-président au développement des affaires chez Roche, Gilles Cloutier, collabore avec la police. Il est contre-interrogé depuis hier au palais de justice de Saint-Jérôme où se déroule le procès de trois accusés dans cette affaire.

Au banc des accusés, on retrouve M. Poirier, maire de 1998 à 2005, France Michaud, qui était vice-présidente de Roche, et Rosaire Fontaine, employé de la firme BPR-Triax. Ils sont accusés de complot, de fraude et d'abus de confiance dans une affaire de partage des contrats de la municipalité. France Michaud, qui a aussi témoigné devant la commission Charbonneau, fait également face à des accusations de fraude envers le gouvernement et d'acte de corruption dans les affaires municipales.

L'ex-mairesse de Boisbriand, Sylvie Saint-Jean, qui a succédé à M. Poirier, a déjà plaidé coupable dans cette affaire.

Le témoin talonné

Au deuxième jour de son contre-interrogatoire, l'avocat de Sylvie Saint-Jean, Me Charles Levasseur, a juxtaposé les déclarations que M. Cloutier a faites lors de son interrogatoire en chef à des déclarations faites à la police à différentes périodes ou lors des audiences de la commission Charbonneau.

Me Levasseur talonne le témoin sur des dates et sur les montants d'argent comptant qu'il a versés au défunt organisateur politique de M. Poirier, Jean-Guy Gagnon.

«Il y a eu tellement d'enveloppes d'argent qui ont circulé dans les villes... Je suis sûr que si vous demandez à Mme Michaud si elle a donné 10 000$ ou 15 000$ dix ans plus tard, ça se peut qu'elle ait de la misère à vous répondre. Moi aussi, c'est la même chose», s'est défendu M. Cloutier en soulignant que les dons à différentes campagnes dans différentes villes pouvaient atteindre 10 0000$ en période électorale.

Me Levasseur poursuivra son contre-interrogatoire aujourd'hui. Suivront les avocats de MM. Poirier et Fontaine.