Elle était citoyenne de cinq pays, achetait des propriétés un peu partout et payait ses dépenses avec les millions de la corruption sans avoir à travailler: voilà le train de vie dont Pamela Porter avoue avoir joui en fermant volontairement les yeux sur le scandale de corruption du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

En plaidant coupable à deux accusations de recyclage des produits de la criminalité jeudi, la mère de famille de 54 ans a signé un résumé des faits entourant ses crimes. De larges portions de ce document, dont les noms et les rôles allégués de ses coaccusés, sont toujours soumises à un interdit de publication émis par la cour. Cela inclut une masse d'informations connues du public depuis des années.

Les admissions dans le document résumé des faits ne lient que Mme Porter, à l'exclusion des autres inculpés.

Le rôle de Pamela Porter dans cette affaire était somme toute mineur. Elle avoue avoir «fermé volontairement les yeux» et accepté de servir de prête-nom pour un autre accusé qui, selon l'enquête policière, a reçu au moins 9,9 millions de dollars de la part de SNC-Lavalin afin de truquer l'appel de propositions du CUSM.

En 2009, alors qu'au Québec, SNC-Lavalin tentait de remporter l'appel de propositions pour le projet du CUSM, un des coaccusés lui a demandé d'enregistrer une société et un compte bancaire aux Bahamas.

Pamela Porter n'avait aucune expérience en gestion de société. Elle était présidente et secrétaire de l'entreprise, qui n'était qu'une coquille sans réelle activité économique. Son «bureau» était en fait l'adresse d'une succursale d'une banque suisse aux Bahamas.

Au moment d'ouvrir le compte de sa société, elle estimait les avoirs de sa famille à «entre 3 et 7 millions». L'année suivante, 9,9 millions, des pots-de-vin issus de la corruption du processus pour le projet du CUSM, ont été déposés dans le compte de l'entreprise.

Pamela Porter utilisait une carte de crédit liée au compte de cette coquille pour ses dépenses. Globe-trotter, elle y puisait aussi les fonds nécessaires à l'achat de propriétés dans différents pays. Elle en tirait aussi des dizaines de milliers de dollars en argent comptant pour ses dépenses.

Sa banque l'a éventuellement avisée qu'il y avait un problème avec les flux monétaires dans son compte. Puis, grâce à l'aide des autorités des Bahamas, elle a été officiellement avisée du mandat d'arrêt contre l'individu à qui elle servait de prête-nom. Mais elle a continué à effectuer de multiples opérations financières avec les millions qui provenaient de SNC-Lavalin.

Pamela Porter a été condamnée à 33 mois de prison moins le temps purgé en détention préventive. Il lui reste deux ans moins deux jours à purger.