Les accusations de possession d'arme portées il y a quatre ans contre le chef de clan de la mafia Antonio Tony Mucci pourraient être abandonnées.

La Presse a appris de diverses sources que la poursuite n'aurait pas l'intention de renouveler ses accusations le 14 janvier prochain, lorsque le mafieux de 60 ans retournera en cour pour le début de son procès.

Autant du côté de la Direction des poursuites criminelles et pénales que de celui de la défense, on a toutefois refusé de confirmer ces informations à La Presse.

Tony Mucci a été arrêté à Montréal le 26 août 2010 à bord d'un VUS blindé. Dans son véhicule et sa résidence, les policiers ont trouvé un fusil au canon tronçonné, un pistolet à impulsion électrique et du répulsif à ours. Ses deux présumés gardes du corps, Jesse Petrocco et Carmine Serino, ont été arrêtés le même jour à Boucherville. Dans leur voiture, les policiers ont découvert un pistolet 9 mm chargé et les deux hommes ont aussi été accusés, tout comme la conjointe de Serino, puisqu'une autre arme a été trouvée dans la résidence du couple. Tony Mucci avait été victime d'une tentative de meurtre deux ans plus tôt et son arrestation est survenue dans une période de grande instabilité, alors que le clan Rizzuto était décimé par les attentats.

On ignore pourquoi les accusations pourraient être retirées, et les raisons peuvent être nombreuses.

Rappelons d'abord que le mafieux s'est retrouvé au centre de l'affaire de la taupe du SPVM Ian Davidson, qui reste épineuse encore aujourd'hui.

De plus, c'est l'ex-enquêteur du SPVM Philippe Paul qui a mené l'enquête sur Mucci et ses hommes après avoir été informé par des sources et qui a ordonné leur arrestation. Rappelons que Philippe Paul a pris une retraite prématurée en avril dernier après avoir été suspendu sans traitement à la suite du déclenchement d'une enquête interne sur des allégations de nature criminelle au sujet de fréquentations jugées dérangeantes. L'ancien policier n'a toutefois jamais été accusé.

Au cours des derniers mois, l'avocat de Tony Mucci, Me Claude Olivier, a présenté une requête - qui n'a toujours pas été débattue - dans laquelle il demandait les rapports disciplinaires et déontologiques de l'ancien enquêteur Paul et des supposées enquêtes criminelles le concernant.

Lors de la dernière comparution du mafieux pas plus tard que la semaine dernière, Me Olivier a également annoncé le témoignage «particulier» d'un homme dont il n'a pas voulu divulguer le nom, concernant Philippe Paul.

L'ex-enquêteur Mario Lambert acquitté

Les informations sur l'abandon possible des accusations qui pèsent sur Tony Mucci sont apparues le jour même où la Cour d'appel acquittait l'ancien enquêteur aux crimes majeurs Mario Lambert et annulait une décision du tribunal de première instance qui le déclarait coupable d'avoir utilisé frauduleusement un ordinateur du SPVM pour transmettre de l'information à l'une de ses sources.

Mario Lambert, qui multiplie les entrevues dans les médias depuis mercredi, laisse entendre que c'est son ancien collègue Philippe Paul qui est à l'origine de l'enquête interne sur des fuites qui a mené aux accusations portées contre lui.

Dans les coulisses du système judiciaire, on n'était toutefois pas en mesure d'établir un lien direct entre l'acquittement de Mario Lambert et l'abandon possible des accusations contre Mucci.

Le retrait éventuel des chefs concernerait également ceux qu'on soupçonne d'être les complices du mafieux.

Photo archives La Presse

Sur cette vieille photo de filature de la police datant des années 1970, Tony Mucci s'apprête à entrer dans le Reggio Bar, quartier général de la famille Violi, clan dominant de la mafia montréalaise à cette époque.

Photo d'archives, La Presse

En juillet 2010, Tony Mucci s'est rendu aux funérailles d'Agostino Cuntrera à Montréal, escorté par Carmine Serino (à droite) et Jesse Petroccom (derrière).