Pamela Porter a été condamnée à la prison pour blanchiment d'argent jeudi, mais un bataillon d'avocats représentant ses coaccusés a obtenu l'imposition d'une ordonnance de non-publication qui empêche temporairement le public d'être informé de ce qu'elle a avoué.

Mme Porter, menotte aux poings, a laissé échapper un "oui" à peine audible dans la salle d'audience lorsque son avocat, Me Marc-Antoine Carrette, lui a demandé si elle plaidait coupable à deux chefs d'accusation de recyclage des produits de la criminalité.

À la suggestion commune de la poursuite et de la défense, le juge Claude Leblond a imposé à Mme Porter une peine de 33 mois de prison, moins le temps passé en détention préventive depuis son arrestation, qui est multiplié par 1,5 pour les fins de calcul. À partir de ce jour, il lui reste donc deux ans moins un jour à purger.

Mme Porter devra se soumettre à une probation d'un an et effectuer 240 heures de travaux communautaires à sa libération.

"C'est une peine intéressante", a laissé tomber la procureure du Bureau de lutte à la corruption et à la malversation, Me Marie-Hélène Giroux, l'air satisfaite.

Surtout, la poursuite a obtenu un ordre de confiscation au profit de l'État québécois de l'équivalent de 5,5 millions de dollars en produits de la criminalité.

Bataille des médias

Une dizaine d'avocats de la défense représentant d'autres accusés dans cette affaire a obtenu l'émission jusqu'à vendredi après-midi d'une très large ordonnance de non-publication, qui empêche de nommer tout autre accusé dans cette affaire ou d'expliquer les faits de la cause, même ceux qui pourraient déjà être de connaissance publique depuis des années.

Il est aussi interdit de donner le détail de ce qui a été confisqué comme produits du crime.

Les avocats de la défense craignent que la publication des détails sur ce qu'a avoué Mme Porter puisse nuire aux chances des autres accusés d'obtenir un procès devant un jury impartial.

Des avocats mandatés par La Presse, The Gazette, Radio-Canada et Quebecor ont vigoureusement contesté ces arguments.

Le juge Leblond entendra les représentations des parties sur le fond de cette affaire vendredi après-midi et décidera ensuite de ce qui peut être porté à la connaissance de la population.

Des millions à aller chercher

D'ici là, le procureur Paul Mercier, du Bureau de lutte aux produits de la criminalité, s'est réjoui de l'ordonnance de confiscation rendue.

"Il y aurait eu des produits du crime de 22,5 millions $ dans cette affaire et notre mandat est d'en récupérer autant que possible. Nous montrons ici que nous avons l'expertise et la volonté pour le faire", a-t-il lancé en sortant de la salle d'audience.

Une des filles de Pamela Porter était sur place pour soutenir sa mère, avec qui elle a échangé des regards complices. Elle a refusé de faire des commentaires à sa sortie de la salle.

Il y a quelques semaines, lorsque La Presse a révélé que Pamela Porter s'était entendue avec la poursuite pour plaider coupable, sa famille a tout nié en publiant un blogue qui attaquait violemment l'article, qualifié de faux et trompeur.