La Cour d'appel a débouté aujourd'hui un présumé trafiquant de marijuana qui s'opposait à son extradition aux États-Unis, parce que celle-ci aurait été «injuste et tyrannique», notamment en raison de son état de santé fragile.

Denis Vachon a été arrêté avec trois autres Québécois en décembre 2011, à la demande des autorités américaines. Il est soupçonné d'avoir fait partie d'un réseau de trafiquants qui a exporté des centaines de kilos de marijuana dans le nord-est des États-Unis entre 2005 et 2010 et blanchi des millions de dollars d'argent sale au Canada. La drogue était emballée et dissimulée dans des sacs de hockey. Elle était ensuite chargée à bord de véhicules qui franchissaient la frontière par des routes isolées dans le secteur de la réserve d'Akwesasne, selon des documents de la justice américaine déposés lors de l'enquête sur remise en liberté des suspects.

Témoignage sur Skype

Les États-Unis accusent Denis Vachon de complot en vue de faire du trafic de marijuana et de complot en vue de posséder des biens criminellement obtenus. L'accusé s'est opposé à la décision du ministre de la Justice du Canada de permettre son extradition et la cause s'est retrouvée devant la Cour d'appel.

Vachon a fait valoir que lors du complot allégué, il n'a traversé la frontière américaine qu'à une seule reprise, qu'il aurait donc dû être jugé ici et qu'il aurait même plaidé coupable si cela avait été le cas.

Mais surtout, il a invoqué son état de santé et la greffe d'un rein subie en 1999 qui nécessite un contrôle médical périodique, la prise de médicaments coûteux et la présence de sa famille pour l'aider et le soutenir. Il s'est aussi exprimé sur ses craintes de devoir subir une autre greffe une fois aux États-Unis et les risques d'infections liées aux conditions d'incarcération.

Enfin, il a également argué qu'il ne parle pas anglais et s'est même dit prêt à témoigner par visioconférence ou par Skype en cas de besoin.

«L'exercice auquel s'est livré le ministre de soupeser à la fois les intérêts des États-Unis, l'intérêt public et les intérêts personnels du demandeur ne comporte pas d'erreur révisable, pas plus que la conclusion à laquelle il en arrive», concluent les juges Jacques Dufresne, Marie St-Pierre et Manon Savard qui ordonnent à Denis Vachon de se constituer prisonnier dans les 48 heures.

Coaccusé célèbre

Dans cette affaire, l'un des coaccusés de Vachon était Nicola Varacalli enlevé chez lui à Montréal le soir de l'Halloween 2005 par les hommes d'un clan qui réclamait une importante somme d'argent aux dirigeants de la mafia montréalaise.

Varacalli avait laissé pour la postérité une vidéo prophétique dans laquelle il prédisait un bain de sang si les chefs de la mafia ne versaient pas l'argent exigé par ses ravisseurs. Finalement les parties se seraient entendues pour une somme de 5,6 M$ et Varacalli avait été libéré. Le bain de sang a bel et bien eu lieu quelques années plus tard, mais en raison de plusieurs facteurs.

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