À trois semaines de la sélection du jury, et après avoir déposé quelque 80 requêtes en 2 ans, la défense des personnes accusées à la suite de l'opération Diligence demande au juge de se récuser.

Si le juge de la Cour supérieure Claude Champagne accepte de se récuser, cela pourrait entraîner de longs délais supplémentaires alors que la cause a débuté il y a près de cinq ans.

La sélection du jury pourrait difficilement s'amorcer comme prévu le 22 septembre puisqu'il faudra nommer un nouveau juge, lequel devra prendre connaissance du volumineux dossier.

La défense estime que le juge n'est plus en mesure de présider le procès. Les motifs de cette requête sont frappés d'un interdit de publication.

L'opération Diligence était une enquête d'envergure menée par la Sûreté du Québec contre un réseau lié aux Hells Angels qui aurait tenté d'infiltrer l'économie légale, en particulier l'entreprise de maçonnerie de Paul Sauvé.

Devant la commission Charbonneau, l'automne dernier, Paul Sauvé a décrit comment les motards avaient tenté de s'emparer de son entreprise, LM Sauvé. Il a fait les manchettes plusieurs fois après avoir dénoncé ces tentatives de détournement.

En novembre 2011, il a même publié un livre, L'industrie de la corruption: un entrepreneur témoigne, qui décrit ses démêlés dans l'industrie de la construction.

Une pluie de requêtes

Toute la journée, hier, le juge Champagne a entendu les arguments des avocats sur la requête en récusation. Les audiences se poursuivent aujourd'hui au palais de justice de Montréal.

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales ainsi que La Presse demandent la levée de l'interdit de publication des motifs de cette requête. Le juge tranchera cette question après avoir entendu les arguments des parties sur sa récusation.

Au total, 104 requêtes - 83 de la défense et 21 de la Couronne - ont été débattues dans le cadre de ce procès depuis le mois d'octobre 2012. Deux d'entre elles se sont rendues jusqu'en Cour suprême. Les accusés ont été arrêtés à l'automne 2009.

Le principal accusé dans l'opération Diligence, le Hells Angel Normand Marvin Ouimet, a plaidé coupable en mars dernier.

Il reste cinq accusés, dont Louis-Pierre Lafortune, ex-vice-président de l'entreprise Grues Guay, qui a aussi témoigné à la commission Charbonneau. Le procès devant jury pourrait durer au moins un an sinon deux.

Opération Diligence

Opération de la Sûreté du Québec destinée à démanteler un réseau lié aux Hells Angels qui aurait tenté d'infiltrer l'économie légale en prenant le contrôle d'entreprises de maçonnerie.