Il n'avait rien ressenti avant, pendant et après le meurtre de Gary Quenneville. «C'était arrivé», constatait-il. Mais vendredi matin, juste avant d'être condamné à la prison à vie pour la mort du pharmacien de 60 ans, une brèche s'est ouverte dans la carapace d'Alexandre Dionne. Tremblant et la voix brisée, il s'est adressé à la famille de M. Quenneville.

«Je suis sincèrement désolé pour le meurtre de Gary. Je ne peux vous expliquer mes comportements... Je ne vous demande pas de me pardonner car moi-même je ne me le pardonne pas. Depuis le début, j'accepte les conséquences de mes actes. J'espère qu'aujourd'hui vous sentirez que justice est faite», a-t-il dit en regardant les proches de M. Quenneville. 

Ces quelques mots de repentir ont fait du bien à la famille. Du bon monde qui, malgré l'horreur du crime et toute la cruelle insouciance qui l'a marquée, ne souhaite que du bien au jeune homme pour l'avenir. Il avait 17 ans et demi quand il a tué Gary Quenneville dans sa demeure, le 26 février 2012. Jusqu'à présent, sa véritable identité ne pouvait être révélée. Désormais, on peut le nommer car il a été assujetti à une peine pour adulte, comme le demandait la Couronne. Le jeune Dionne a plaidé coupable à une accusation de meurtre prémédité et a écopé la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant dix ans. La juge Éliane Perreault, qui a rendu jugement, a dit espérer que les excuses présentées par le jeune homme étaient «le début d'une prise de conscience», de sa part.

Un complice, Maxime Bourdage, qui était aussi mineur au moment des faits, a également été assujetti à une peine pour adulte, il y a quelques mois. Il a écopé cinq ans et demi de pénitencier, pour sa participation au crime. Il avait plaidé coupable à des accusations de complot de meurtre et complicité après les faits. 

Les deux jeunes hommes étaient les voisins immédiats de la victime, à Ste-Adèle. Ils avaient cambriolé le domicile de M. Quenneville cinq fois avant le meurtre. Ils étaient parfois accompagnés d'autres amis.

Le soir du 26 février 2012, Dionne s'est rendu seul chez M. Quenneville dans le but de le séquestrer pour le forcer à révéler son NIP. Le but était de s'emparer de son argent à la banque pour s'envoler vers le Mexique avec ses amis. C'était le «plan Mexico».

Mais quand M. Quenneville a ouvert sa porte, le jeune Dionne l'a immédiatement assailli. «Je ne lui ai donné aucune chance. J'ai sauté dessus, j'ai vargé dessus», a-t-il avoué, plus tard. M. Quenneville a été poignardé, battu à coups de poing, de pied, et de genoux, et a été étranglé avec la rallonge électrique que les jeunes lui avaient dérobée dans les semaines précédentes.