Il n'y aura aucune nuance de gris pour Éric Daudelin. Il sera coupable du meurtre prémédité de la petite Joleil Campeau ou il ne sera pas coupable parce que le jury ne sera pas convaincu que c'est lui qui l'a fait. Ce sont les deux seuls verdicts que la juge Sophie Bourque a ouverts au jury chargé de juger l'homme de 40 ans.

«Ici il n'y a qu'une seule question, c'est celle de l'identification», a résumé la juge en s'adressant au jury.

La juge Bourque a commencé à donner ses directives au jury à 15h30, hier, après que les avocats ont fini leurs plaidoiries. À la fin des directives, vers 17h45, les six hommes et six femmes ont été séquestrés et envoyés dans leur salle de délibérations. Ils ont décidé de leur horaire de délibérations, et ont choisi de clore leur journée ainsi. Ils ont pris ensuite la direction d'un hôtel pour y passer la nuit, et ils reviendront au palais de justice de Laval aujourd'hui pour commencer leur réflexion.

Dans la journée d'hier, les avocats de chacune des parties avaient résumé leurs positions respectives. Me Gilles Daudelin, de la défense, soutient que la culpabilité d'Éric Daudelin n'a pas été démontrée hors de tout doute raisonnable, tandis que le procureur de la Couronne Pierre-Luc Rolland est persuadé du contraire.

Outre le meurtre, M. Daudelin est accusé d'avoir séquestré et agressé sexuellement la petite Joleil. Les deux parties admettent que la fillette a été séquestrée et agressée sexuellement, ce qui entraîne automatiquement une accusation de meurtre prémédité. L'enfant de 9 ans est disparue vers 16h40 le 12 juin 1995, alors qu'elle se rendait à pied chez une amie, dans son quartier d'Auteuil. Elle a été trouvée quatre jours plus tard noyée et enterrée dans la vase d'un ruisseau, non loin de chez elle. Une grosse pierre reposait sur le bas de son dos.

Les partis

Le procureur de l'accusé a plaidé en premier. Il a insisté sur le fait que son client n'a pas caché qu'il avait été condamné pour des agressions sexuelles dans le passé. Mais il assure n'avoir jamais agressé un enfant. «Avec le passé qu'il a, ça ne veut pas dire qu'il a commis le crime. Il assume ses antécédents», a fait valoir Me Daudelin.

Me Rolland affirme pour sa part que seul le tueur pouvait donner des détails aussi précis sur l'agression sexuelle et le meurtre de Joleil Campeau. L'avocat a également rappelé au jury les autres éléments de preuve, dont le témoignage d'un codétenu à qui M. Daudelin aurait parlé du crime.

Le procès d'Éric Daudelin s'est déroulé à la vitesse grand V, en 11 jours. Les parties avaient fait beaucoup d'admissions, ce qui a écourté la preuve. La Couronne a présenté neuf témoins et la défense, un, soit M. Daudelin lui-même.