Richard Henry Bain, accusé de l'attentat mortel du Métropolis, est disposé à payer pour son avocat. Mais il n'a pas cette somme maintenant. Si l'État paie son avocat, il s'engagerait à rembourser l'argent.

C'est cette solution «créative» que Me Jean-Marc Tremblay a proposée hier, alors qu'on continuait de débattre de la requête Rowbotham de M. Bain devant le juge Guy Cournoyer. Ce type de requête vise à obtenir l'aide de l'État pour payer les frais de représentation d'un accusé qui n'est pas admissible à l'aide juridique. Me Tremblay serait prêt à assurer la défense de M. Bain, si la requête est acceptée. Le procès devrait durer de 6 à 12 semaines, peut-être plus. On parlait hier de 50 000$ en frais d'avocat. Il s'agit d'une évaluation rapide, et non de savants calculs.

D'ailleurs, l'évaluation des frais a fait réagir M. Bain, dans le box des accusés, qui en a profité pour faire un aparté politique.

«Le ministre québécois des Finances a dit en 2012 qu'on aurait un déficit zéro...

- Je ne fais pas de politique, l'a coupé le juge.

- Moi, j'en fais, a rétorqué M. Bain, avant d'ajouter: Et le déficit est de 2,5 milliards. En français, on dit: TABARNAK! Il est off de 2,5 milliards!»

Indigence

Pour revenir à la situation de M. Bain, il n'est pas dans l'indigence à proprement parler. Le retraité de 63 ans reçoit 3100$ de pension par mois, et il a une propriété à La Conception qu'il pourrait vendre éventuellement. Il doit cependant la remettre en état. Il parle souvent aussi de son «camion Yukon», que la police a saisi le soir du drame. Enfin, il tente de recouvrer 145 000$ qu'un certain Turenne lui doit. Il s'agit d'une partie de l'argent que M. Bain aurait investi dans le Ranch de la Rivière Rouge, dans les Laurentides.

Il n'est pas facile de voir à tout cela quand on est en prison. Le seul contact qu'a M. Bain avec l'extérieur, c'est son frère David. Et celui-ci habite en Ontario, a expliqué Me Tremblay.

Selon l'avocat, les affaires de M. Bain vont se régler un jour, mais pour l'instant, ce n'est pas fait. La solution proposée permettrait de mettre le procès sur les rails, et les contribuables ne perdraient rien.

«C'est un prêt que vous demandez. Une avance...», a réagi le juge.

Me Tremblay a fait valoir que le cas de M. Bain demandait peut-être une solution exceptionnelle et de la flexibilité. Il reconnaît cependant qu'il n'y a pas de précédent.

Le juge rendra sa décision le 21 mars.

Rappelons que les crimes reprochés à M. Bain se sont produits le 4 septembre 2012, soir des élections provinciales, alors que le Parti québécois fêtait sa victoire au Métropolis. M. Bain est accusé du meurtre du technicien de scène Denis Blanchette, de trois tentatives de meurtre, de voies de fait graves, incendie criminel, possession d'armes à feu...