«Oui, il y a eu une fusillade au 240 St-Jacques. Il y a des gens, deux personnes qui sont rentrées, qui sont masquées, ils ont tiré sur les gens dans le magasin...», dit la voix d'homme à la préposée du 911, un peu avant 13 h 45, le 18 mars 2010.

Malgré le propos, la voix semble étonnamment calme au début. Mais cette voix, celle de Ducarme Joseph, acteur important du crime organisé à Montréal, ne restera pas calme longtemps. Sa nervosité sera croissante jusqu'à ce qu'il ne réponde plus aux questions de la préposée, et que cette dernière échappe un «fuck» de dépit.

C'est ce qui se dégage de l'appel au 911 qui a été présenté jeudi au jury chargé de juger les trois individus accusés d'être les auteurs de cette fusillade qui a fait deux morts et deux blessés graves à la boutique Flawnego, le 18 mars 2010. La fusillade meurtrière est survenue en plein jour dans cette boutique située sur une rue achalandée du Vieux-Montréal. L'endroit était en rénovation au moment du drame.

Dans cette affaire, Carey Isacc Régis, 44 ans, Dyle Gabriel, 29 ans, et Terrel Lloyd Smith, 30 ans sont accusés de deux meurtres prémédités et de deux tentatives de meurtre. Leur procès s'est ouvert le 24 septembre, à Montréal.

Même s'il ne s'est pas nommé au téléphone, c'est manifestement Ducarme Joseph qui, le premier, a appelé le 911 ce jour-là. Quand les policiers sont arrivés, M. Joseph était dehors, en face du Flawnego. Les policiers l'ont reconnu, car il était un «sujet d'intérêt» pour eux. Il était agité et avait un téléphone dans les mains. «Il avait l'air apeuré et désemparé», a relaté le sergent Giuseppe D'Ignazio, cette semaine.

Carnage

Selon le récit des policiers qui ont pénétré dans la boutique ce jour-là, c'est une scène de carnage qui les attendait. Une soixantaine de coups de feu avaient été tirés en quelques secondes. Ils ont parlé de l'odeur de poudre, de sang et de chair brûlée qui régnait, de la position des corps des victimes, des armes abandonnées sur place, des trous de balle en différents endroits, notamment dans une porte d'une petite pièce où se serait réfugiée une des victimes, Frédéric Louis. Ce dernier a été blessé, mais a survécu. Alain Gagnon, un électricien qui faisait des travaux dans la boutique a lui aussi été blessé très gravement à la tête, mais a survécu. Peter Christopoulos, garde du corps de Ducarme Joseph, et Jean Gaston, son oncle, sont morts.

Dans leur fuite, les agresseurs se seraient débarrassés de leur déguisement et de certains vêtements, qui ont été récupérés par la police. La Couronne, représentée par Me Véronique Beauchamp et Louis Bouthillier, a déposé 519 photos de la scène de crime en preuve.

Le procès présidé par la juge Carol Cohen fait relâche la semaine prochaine, mais reprendra la semaine suivante.