Sitôt amorcées, les procédures judiciaires dans le dossier des 37 coaccusés de corruption à Laval, dont le maire déchu Gilles Vaillancourt, s'annoncent compliquées et acrimonieuses.

Mardi matin, tous les accusés étaient présents devant le juge de la Cour du Québec, Gilles Garneau, au palais de justice de Laval.

Alors qu'aucun, sauf les trois accusés de gangstérisme (Gilles Vaillancourt, Claude Deguise et Claude Asselin), n'a encore enregistré de plaidoyer, le juge a convié les avocats des parties dans une salle adjacente à la salle d'audience où il a été discuté à huis clos, sans même la présence des accusés, de la gestion des étapes à venir.

«La Ville de Laval est sous tutelle, suite entre autres aux dénonciations de ce dossier, les sociétés canadienne et québécoise commandent que l'administration judiciaire procède dans ce dossier avec célérité. Selon un jugement récent de la Cour suprême mentionne que le système de justice doit toujours être en quête de stratégies pour réduire les coûts, les délais et le stress liés à la gestion de dossiers complexes», a expliqué le juge pour justifier sa décision.

Un accusé n'était toutefois pas représenté dans cette rencontre, soit Jean Bertrand, l'agent officiel du défunt parti de Vaillancourt.

Avocat, il se représente seul.

«Je veux aller moi-même a cette rencontre», a-t-il demandé au juge.

«Non», a-t-il sèchement rétorqué sans plus élaborer.

Bertrand a refusé d'être représenté par un autre avocat à la réunion avec le juge et réclamé une rencontre avec le procureur aux poursuites criminelles et pénales.

L'audience a donc été suspendue, pendant que les 37 accusés faisaient les 100 pas dans les couloirs du palais en attente de la reprise et de l'annonce du calendrier pour la suite des choses. Gilles Vaillancourt semblait détendu, y allant même de blagues avec des coaccusés.

Les parties ont convenu de reporter l'affaire au 19 décembre pour le début de la conférence préparatoire. Je juge Garneau a décrété que l'enquête préliminaire du groupe se tiendrait du 30 juin au 29 août 2014.

Ce qui lui a valu une volée de bois vert de la part des avocats de la défense.

«La plupart de mes collègues ne sont pas accord avec cette plage horaire pour l'enquête, qui se tiendrait en période de vacances des avocats, des juges et des témoins. Il serait plus sage d'attendre au 19 décembre pour fixer la date, pour que nous puissions en discuter entre nous d'ici là. (...) Nous avons l'enquête préliminaire de M. Accurso prévue dans le dossier de Mascouche pour septembre et octobre 2014. Je ne peux faire deux mois d'enquête, et après une fin de semaine, repartir pour une autre enquête de deux mois», a plaidé l'avocat de Tony Accurso, Me Louis Belleau.

«Je compte parmi nous au moins trois avocats qui sont dans SharQc (méga-procès des Hells Angels)», ce ne sera pas possible l'été prochain, a ajouté Me Marc Labelle, qui représente Robert Cloutier.

«Dans SharQc, nous nous sommes vu imposer des dates en continu à partir de février prochain et le président du Tribunal a décrété trois semaines de vacances en juillet, et une reprise ensuite. Ce sera à toutes fins pratiques impossible d'être ici», a renchéri l'avocat d'Alain Filiatrault, Me Gilles Doré.

«J'ai 39 ans de pratique, et j'ai encore besoin de vacances. Je ne veux pas sacrifier ma maison au bord de la mer l'été prochain. Il faut se libérer de la pression médiatique qui veut que justice soit rendue plus vite, mais qui peut faire que justice ne sera pas correctement rendue», a ajouté Me Claude Girouard, au nom de l'accusé Louis Farley.

En début d'audience, on a appris que la poursuite a remis 22 CD de preuve à la défense, et que 90% de la preuve a donc été divulguée jusqu'ici.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Tony Accurso