Se disant victime de mauvais traitements et de discrimination en prison en raison de son handicap physique, Serge Lebrasseur, membre en règle des Hells Angels, poursuit le gouvernement à hauteur de 390 000$.

L'homme de 49 ans, physiquement diminué depuis qu'il a été blessé par balle en 1994, demande aussi de meilleurs soins et plus de considération pour sa condition en prison. Le Procureur général «ne fait aucun effort d'accommodement raisonnable», plaide-t-il dans sa requête déposée au palais de justice de Montréal.

M. Lebrasseur a été arrêté en avril 2009 lors de l'opération Sharqc, qui visait les motards criminels. Quatre ans et demi plus tard, il est toujours détenu préventivement et en attente d'être jugé au Centre de services judiciaires Gouin. Conjointement avec d'autres, il est accusé de huit meurtres commis entre 1994 et 2002, pendant la guerre des motards.

Victime d'un attentat

M. Lebrasseur a lui-même été victime d'un attentat le 10 août 1994. Atteint d'un projectile de fort calibre, il a subi plusieurs opérations par la suite et a gardé des séquelles. Outre une paralysie partielle d'une jambe, M. Lebrasseur énumère entre autres «un pied ballant, une paralysie des intestins avec incontinence anale ou constipation sévère, des infections urinaires récurrentes, une hernie intestinale, un syndrome de douleur chronique non maligne...»

La Régie de l'assurance maladie du Québec lui a accordé un fauteuil roulant et une orthèse, et il a lui-même aménagé sa résidence pour pallier sa nouvelle condition physique lorsqu'il était libre. Mais depuis qu'il est détenu, la plupart du temps dans l'aile B de l'Établissement de détention de Montréal (Bordeaux), mais aussi dans celui de Rivière-des-Prairies, il a eu peu ou pas d'accès aux appareils orthopédiques qui lui sont pourtant prescrits. Notamment, il n'a jamais pu obtenir de chaise pour la douche, ni de fauteuil roulant. Il n'a accès à du jus de pruneaux que depuis peu. Il affirme par ailleurs qu'il a des problèmes à obtenir ses rendez-vous médicaux et des traitements.

Tout cela provoque de la tension entre lui et le personnel, si bien qu'il s'est retrouvé plusieurs fois en isolement.

Il invoque la Charte des droits et libertés, la Loi sur le système correctionnel, le Code de déontologie des médecins, la Loi sur les services de santé et les services sociaux... Il réclame au Procureur général du Québec 390 000$ en dommages pour ses souffrances et en intérêts punitifs.