Parce que sa criminalité impose une «très grande prudence», l'ancien membre des Blatnois de Shawinigan, Éric Giguère, vient de se faire refuser sa demande de semi-liberté par les commissaires aux libérations conditionnelles.

Arrêté lors de la vaste rafle antimotards SharQc en avril 2009, Giguère, 40 ans, avait plaidé coupable à la seule accusation de complot pour meurtre, en août 2012, et été condamné à 11 ans de prison. Mais en soustrayant sa détention préventive, qui a compté en double, et une autre sentence purgée durant la guerre des motards, il ne lui restait qu'un peu moins de deux ans à passer derrière les barreaux et était déjà admissible à la libération conditionnelle.

Le 4 septembre dernier, Giguère a raconté aux commissaires Marie-Claude Frenette et Michel Lalonde avoir été initié à l'univers des motards par son oncle, lui-même membre des Blatnois. Giguère est devenu membre de ce défunt club-école des Hells Angels de Trois-Rivières en 1994 et l'est demeuré jusqu'à son démantèlement par la police dans le cadre de l'opération Amalgame en juin 2000.

Dans leur décision, les commissaires soulignent que la Couronne ne détenait pas de preuve directe contre Giguère dans aucun des 22 meurtres qui faisaient l'objet des accusations originales portées dans les superprocès reliés à l'opération SharQc. En revanche, les commissaires soulignent qu'une arme utilisée pour un crime avait été volée par Giguère et que son ADN a été identifié sur une cagoule retrouvée dans une fourgonnette incendiée et abandonnée près des lieux.

Les commissaires notent également plusieurs événements violents auxquels a été mêlé Giguère, dont des voies de fait au cours desquels des bâtons de baseball ou autres objets en bois ont été utilisés.

Progrès insuffisants

Éric Giguère prend ses distances envers les autres détenus reliés de près ou de loin aux Hells Angels, écrivent les commissaires. Le détenu soutient avoir coupé tout lien avec le crime organisé et avoir amorcé des démarches pour se désaffilier de son organisation en octobre 2012, après sa condamnation. D'importants changements ont modifié sa vie familiale dernièrement. Son projet de sortie consistait à se trouver un emploi et réaliser des travaux communautaires, et effectuer un retour graduel dans son milieu familial.

«Vous verbalisez aujourd'hui des regrets. Toutefois, la Commission observe que ces derniers sont peu ressentis sauf en ce qui regarde les conséquences directes de vos agissements sur votre liberté et votre famille». «Ce revirement de comportement est récent et se doit d'être approfondi», concluent les commissaires selon qui la libération de Giguère représenterait un risque inacceptable pour la société.