Le trafiquant Musset St-Cyr prétend que c'est pour «calmer la situation» qu'il a sorti son arme à feu au cours d'une transaction de marijuana, le soir du 2 août 2010, dans le logement d'un fournisseur, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. Son geste de «pacification» a coûté la vie à deux hommes.

«Ç'a tout dégénéré. J'ai perdu le contrôle de la situation», a expliqué Musset St-Cyr, alors qu'il témoignait pour sa défense, hier à Montréal.

L'homme de 28 ans est accusé, conjointement avec Samuel Jean-Baptiste et Gabriel Georges, des meurtres non prémédités de Pascal Leu, 44 ans, et de Yassine Chnaiti, 28 ans. Les deux victimes ont été tuées par balle avec l'arme de M. Saint-Cyr dans le logement de M. Leu. Le procès devant jury des trois coaccusés est sur les rails depuis la mi-mai, à Montréal.

La Couronne, qui a fini de présenter sa preuve, soutient que M. St-Cyr et ses deux acolytes sont allés chez M. Leu ce fameux soir pour lui voler sa drogue. M. St-Cyr prétend plutôt que la transaction a mal tourné en raison de la gourmandise et de l'agressivité de M. Leu. Ce dernier considérait que 1900$, ce n'était pas assez pour une livre de mari «kush».

Questionné par son avocate, Me Sonia Mastromatteo, Musset St-Cyr, qui a grandi à Montréal-Nord, a admis hier que son boulot à lui, c'était le trafic de stupéfiants. Selon ses explications, il se situait entre le gros fournisseur et le petit revendeur. «Je vendais entre sept grammes et une once», a-t-il dit.

M. St-Cyr a parlé de son affaire comme un commerçant. Il a énuméré différentes qualités de produits - le «m-39», l'«AK 47», l'«outdoor.» Mais ce qu'il recherchait par-dessus tout, en 2010, c'était le «kush», une mari médicinale, avec «plus de chimique», qui était très demandée.

Le soir du 2 août 2010, M. St-Cyr s'est rendu avec Samuel Jean-Baptiste et Gabriel Georges pour acheter du «kush» chez un nouveau contact, Jason Waterman, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce.

Celui-ci n'avait pas le produit désiré et a amené le groupe chez son fournisseur, Pascal Leu. Ce dernier menait son affaire dans le logement où il habitait avec ses six enfants.

La tempête

M. St-Cyr affirme que 1900$ ont été remis à M. Waterman pour la livre de «kush», mais qu'au moment de la transaction, M. Leu était mécontent. Il a poussé Waterman, qui est tombé.

Dans un coin de la pièce, un autre client, qui était déjà sur place à leur arrivée, ne bougeait pas. Il s'agissait de Yassine Chnaiti. M. St-Cyr a raconté hier que la tension montait, qu'il s'est senti menacé. Il a sorti son arme de calibre .22 de sa poche pour calmer la situation.

Selon le récit de M. St-Cyr, M. Leu l'a alors plaqué au sol «comme au football», et ce fut la «tempête». Les meubles volaient, selon lui.

«Il allait me désarmer», a soutenu M. St-Cyr. Ce dernier pense que M. Leu a été atteint pendant qu'ils se débattaient au sol. M. Chnaiti est arrivé par la suite à la rescousse, et a lui aussi été atteint, de deux projectiles. Le trio s'est ensuite enfui. Quant à M. Waterman, il n'a pas été touché. Il a témoigné contre l'accusé.

La version de M. St-Cyr sera soumise au contre- interrogatoire de la Couronne aujourd'hui.