Si les filles d'Adèle Sorella ont été asphyxiées dans la chambre hyperbare, le 31 mars 2009, elles ont connu une «mort douce.» Elles se sont endormies sans se rendre compte de ce qui leur arrivait, et n'ont donc pas cherché à sortir de l'appareil.

C'est ce que croit la pathologiste Caroline Tanguay, qui a complété son témoignage, mardi, au procès d'Adèle Sorella, accusée des meurtres prémédités de ses deux enfants.  Malgré qu'elle ait réalisé les autopsies rapidement après les décès d'Amanda, neuf ans, et de Sabrina, huit ans, la pathologiste n'a pas été en mesure d'établir la cause exacte de leur mort. Les enfants n'affichaient aucune trace de violence, et les analyses toxicologiques se sont révélées négatives. La Dre Tanguay est certaine cependant que ces deux enfants en pleine santé ne sont pas mortes de causes naturelles. Elle privilégie la thèse de l'asphyxie dans la chambre hyperbare. Dans un environnement clos, la suffocation par manque d'oxygène se fait progressivement. «Les victimes ne se rendent pas compte au départ, a-t-elle expliqué. Au début, le taux d'oxygène est normal. Ce n'est pas subit, pas paniquant. Il n'y a pas de signe de détresse. L'enfant ne le sent pas. Il se sent plus fatigué, a les jambes lourdes ou molles. Il va respirer de plus en plus lentement. Il va peut-être avoir chaud.  L'enfant va s'endormir», a résumé la pathologiste, qui a aussi signalé qu'il n'y avait aucun moyen de le prouver à l'autopsie par des tests. «La déprivation d'oxygène ne laisse pas de trace.»

Malgré cette propension pour la chambre hyperbare, la pathologiste ne peut exclure certaines autres causes de décès qui ne laissent pas de trace. C'est le cas d'injection létale d'insuline ou de potassium. Mais encore faudrait-il que le meurtrier ait accès à de tels produits, et qu'il connaisse les quantités à administrer pour causer, par exemple, un coma diabétique, a-t-elle expliqué. Dans le cas d'Adèle Sorella, la preuve ne révèle rien à ce sujet jusqu'ici.

En contre-interrogatoire, l'avocat de la défense Pierre Poupart a énuméré toute une série de médicaments et vitamines qui ont été saisis dans la maison d'Adèle Sorella, après la mort des enfants. La pathologiste estime qu'il est peu probable que ces produits, tels que le magnésium et le calcium, s'ils avaient été ingérés, auraient pu provoquer la mort, et de surcroît aussi rapidement. Les victimes ont été vues vivantes et en bonne santé avec leur mère vers 9h le matin du 31 mars 2009, dans la maison de la rue de l'Adjudant. À 16h30, les enfants étaient trouvées mortes, allongées côte à côte dans la salle de jeu. Leur mère était introuvable. Elle a été interceptée une douzaine d'heures plus tard, après avoir percuté un poteau avec sa voiture, à Laval. 

Le procès d'Adèle Sorella, qui a commencé à la fin avril, fait relâche jusqu'à vendredi, voire peut-être même jusqu'à lundi. Ce procès devant jury est présidé par la juge Carol Cohen. Les procureurs Maria Albanese et Louis Bouthillier occupent pour la Couronne, tandis que les frères Pierre et Guy Poupart assurent la défense de l'accusée.